mercredi 22 septembre 2004

563 - tirer sur tout ce qui bouge

... dans toute l'Histoire de l'Aviation, rarement l'on vit un appareil aussi raté devenir une aussi formidable machine de combat.

A sa naissance, en février 1940, le Hawker "Typhoon" cumulait en effet tous les défauts : il grimpait mal, volait comme une enclume et voyait fréquemment son empennage se détacher tout seul en plein vol. Et s'il était puissant, son moteur Napier Sabre à 24 cylindres sans soupape s'avérait d'une fiabilité véritablement pathétique.

Pendant des mois, les ingénieurs et pilotes d'essai de Hawker s'acharnèrent sur le monstre. Mais s'ils parvinrent à le fiabiliser quelque peu, ils ne réussirent jamais à lui faire tenir le rôle de chasseur de supériorité aérienne auquel on l'avait pourtant destiné à sa naissance : à haute altitude - là où rôdaient les chasseurs allemands - le Typhoon continuait à s'époumoner en vain, handicapé par ses nombreux kilos, une aile trop épaisse et un moteur asthmatique

Fin 1942, l'ensemble du programme semblait d'autant plus condamné à terminer aux oubliettes que son aîné, le Supermarine Spitfire, continuait au contraire de surprendre par son potentiel de développement.

Pour finir, et presque par hasard, l'on s'avisa que cet intercepteur si décevant à haute altitude pourrait constituer une bonne plate-forme pour l'attaque au sol.

Trop pénalisante en altitude, l'aile épaisse permit en revanche l'installation de bombes et de lance-roquettes, en plus des quatre canons de 20mm d'origine. Ainsi gréés, les Typhoons se mirent à écumer le ciel, transformant le bocage normand, puis l'Europe entière, en gigantesque parc à ferrailles pour tanks et véhicules allemands.

Ainsi, rien qu'entre juin et septembre 1944, les Typhoons tirèrent 265 000 roquettes et plus de 13 millions d'obus de 20mm (!) Ils détruisirent un millier de tanks, une cinquantaine de trains et plus de dix mille véhicules divers.

En ces temps où les pertes matérielles et humaines ne comptaient guère, ils y laissèrent aussi plusieurs centaines des leurs, dans un gigantesque effort pour briser toute contre-attaque allemande...

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