... si le "JagdPanther" fut une réussite totale que l'Allemagne ne put hélas produire en assez grand nombre, le "JagdTiger" fut en revanche un désastre tout aussi total, que l'on s'échina pourtant à vouloir mettre en production, et même à aligner sur le terrain.
Présentée à Hitler en octobre 1943, la maquette enthousiasma le Führer, comme d'habitude fasciné par les projets hors normes. La recette de base était fondamentalement la même que pour le JagdPanther, et consistait pour l'essentiel à transformer un char existant - en l'occurrence le nouveau Tiger II - en "chasseur de chars" par la suppression de la lourde et encombrante tourelle et l'installation d'un canon de plus fort calibre sous une casemate fixe.
Mais les ingrédients, et la manière de les lier, donnèrent cette fois naissance à un monstre bien trop encombrant pour affronter la réalité des combats, et mécaniquement très fragile.
Sur le JadgTiger, la suppression de la tourelle ne se traduisit nullement par une diminution de la hauteur du véhicule et, partant, de sa vulnérabilité aux tirs ennemis. Plutôt que d'installer ensuite le canon sous un glacis incliné à l'avant - comme ils l'avaient fait sur le JagdPanther - les ingénieurs allemands préfèrent, sans doute pour gagner du temps, construire une casemate fixe à l'emplacement de la tourelle initiale. A 3,10 mètres, la hauteur du JagdTiger était en tout point identique à celle du Tiger II, et supérieure de 60 centimètres à celle du JagdPanther.
Extrêmement puissant, son canon de 128mm - qui avait remplacé le 88mm du Tiger II - était en revanche, du fait de sa disposition, sévèrement limité en débattement latéral, ce qui imposait donc de faire tourner le tank entier, et non plus le canon seul, vers l'objectif. Mais ce handicap, qui était aussi celui du JagdPanther et de tous les chasseurs de chars dépourvus de tourelle, était considérablement aggravé par le poids très excessif du JagdTiger.
Faire régulièrement riper sur place une masse de plus de 70 tonnes s'avérait en effet une contrainte insupportable pour une transmission et un moteur déjà trop fortement sollicités sur le Tiger à tourelle ordinaire. De fait, bien plus que les tirs ennemis, ce furent les pannes mécaniques qui eurent le plus souvent raison des quelque 80 JagdTiger que l'Allemagne eut le temps de fabriquer avant la capitulation...
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