549 - l'excès nuit en tout

... avant guerre, certains croyaient encore à l'efficacité des tanks à tourelles multiples, héritiers directs des MK-I de la Première Guerre mondiale.

Si cette conception offrait l'avantage de pouvoir cracher le feu de tous les côtés à la fois, elle nécessitait en revanche un équipage pléthorique, compliquait le design, et alourdissait terriblement le véhicule

De toutes les grandes nations, c'est la Russie qui resta le plus longtemps fidèle à cette formule, et son T-35 fut le dernier représentant du genre.

Adopté par l'armée rouge en 1933, ce "Super-Tank" n'alignait pas moins de cinq (!) tourelles, trois canons (un 75mm dans la tourelle centrale et un 45mm dans deux tourelles diagonales), six mitrailleuses (dont une dans chacune des deux autres tourelles diagonales) et un équipage de 11 personnes (!)

Bien que relativement léger pour un "Super-tank", ce mastodonte n'en demeurait pas moins, avec ses 50 tonnes, un véhicule fort lourd, surtout selon les normes de l'époque

Mais son plus gros handicap tenait à sa conception-même : la multiplicité des tourelles et des hommes d'équipage imposait non seulement une silhouette haute et massive - donc très vulnérable aux tirs ennemis - mais également un blindage fort mince si l'on voulait maintenir le poids de l'ensemble dans les limites du raisonnable.

De fait, avec 3cm maximum, le blindage de ce monstre de près de 10 mètres de long n'équivalait même pas à celui d'un Stuart américain de 12 tonnes et de moins de 5 mètres, catalogué comme char léger et considéré par tous ses utilisateurs comme offrant autant de protection qu'une boîte de conserve (!)

Utilisé contre l'armée finlandaise en 1939-1940, le T-35 s'avéra un désastre si total - tous les exemplaires lancés dans la bataille tombèrent en panne ou furent détruits par les Finlandais - qu'il força l'armée rouge à abandonner immédiatement la production de tanks à tourelles multiples pour se concentrer sur celle, infiniment plus prometteuse, des tanks classiques, tels le KV-1 ou le T-34.