
... même si elle ne se concrétisa jamais sur le terrain, l'apparition des "Maus" de Ferdinand Porsche contraignit les ingénieurs alliés à envisager eux aussi la construction de "Super-tanks".
Dans ce domaine, les Américains étaient les plus désavantagés puisque n'ayant, au début de la guerre, aucun blindé d'un poids supérieur au fort modeste Sherman de 32 tonnes, dont les tankistes avaient déjà bien du mérite à oser affronter les Tiger allemands de 70 tonnes, sans même parler des éventuels et futurs Maus de 188 tonnes.
Pour percer les défenses allemandes, et en particulier celles de la Ligne Siegfried, les Américains imaginèrent donc leur propre version du char super-lourd. Avec 95 tonnes, le T-28 restait moitié moins lourd que le Maus, et devait se contenter d'un seul canon de 105mm, alors que le Maus en alignait deux, de 128 et 75mm. En revanche, au rayon blindage, le T-28 faisait presque jeu égal avec celui-ci, et surclassait les Tiger allemands.
Pour accroître la protection sans augmenter exagérément le poids, les ingénieurs américains avaient en effet renoncé à une lourde tourelle, et installé le canon dans un simple glacis à l'avant, soit dans une disposition fort semblable aux canons d'assaut et chasseurs de chars... allemands, comme le JagdPanther.
Bien que pénalisante en matìère de visée, la suppression de la tourelle avait également permis de réduire considérablement la hauteur et la surface frontale de l'engin, donc sa vulnérabilité aux attaques ennemies.
Afin de maintenir la pression au sol dans des limites raisonnables les Américains avaient imaginé un curieux et très complexe système de suspension, avec deux trains de roulement et deux chenilles de chaque côté.
Question agilité, le T28 reprenait par contre les pires caractéristiques du Maus. La faute revenant pour l'essentiel à son pitoyable V8 Ford de 400 CV seulement, qui condamnait la bête à la vitesse maximum véritablement ahurissante de... 15 kms/h (!) Et bien qu'inférieure à celle du Maus, la consommation n'en restait pas moins "solide" : les 1 500 litres du réservoir se vidaient à la cadence moyenne de 100 litres au 100 kilomètres, n'offrant donc qu'une autonomie d'environ 150 kms, fort semblable à celle du Maus.
Guère plus réaliste mais tout de même moins vulnérable que le Maus, le T-28 aurait peut-être pu démontrer ses qualités,... la guerre eut-elle duré plus longtemps. Mais débutée au printemps 1945, la construction des prototypes était loin d'être terminée quand celle-ci prit fin. Évalués jusqu'en 1947, les deux prototypes ne connurent jamais l'épreuve du feu ni la moindre construction en série.
L'un d'eux est aujourd'hui exposé au musée Patton, à Fort Knox, Kentucky
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