mercredi 17 décembre 2003

282 - un projet insensé

...En se rendant à Berlin pour y fêter le 56ème anniversaire de son maître, Heinrich Himmler en avait profité pour le trahir, en organisant secrètement des rencontres avec le Comte Folke Bernadotte - de la Croix-Rouge internationale, et même avec Norbert Masur - représentant du Congrès juif mondial, arrivé tout aussi secrètement à l'aérodrome de Tempelhof (!)

Toujours aussi éloigné des réalités, le Reichsführer SS s'était en effet convaincu qu'il pourrait, par leur intermédiaire, négocier une paix séparée avec les Anglo-américains, se faire reconnaître par eux comme le chef d'une nouvelle Allemagne, et même obtenir le pardon des Juifs (!)

Un homme qui trahit, ou qui s'apprête à trahir, se persuade facilement que le reste du monde n'attend en réalité qu'un signal pour l'imiter. C'est sans doute la raison pour laquelle le "Cher Heinrich" - comme l'appelait familièrement son maître - ne semblait guère douter de l'approbation des Alliés occidentaux à ce projet parfaitement insensé.

De même faisait-il fort peu de cas du ressentiment que pouvaient nourrir Norbert Masur, et les Juifs en général, après la mise en oeuvre de la "Solution finale". Pour Himmler, le génocide de millions de Juifs européens n'était en fait qu'une sorte "d'accident de parcours" sur une route aux objectifs bien plus vastes - la défense de l'Occident contre le péril bolchevique - un "accident" sur lequel les Juifs se devaient à présent - il n'en doutait pas - de jeter l'éponge...

Après tout, ne promettait-il pas de livrer aux premiers tous les plans et détails des armes secrètes allemandes, et aux seconds de libérer leurs coreligionnaires des camps de concentration (ce qui fut fait au bénéfice de Juives enfermées à Ravensbrück) pour les transférer vers des pays neutres, à l'insu du Führer ?

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