... lorsqu'ils finissaient par se retrouver dans les unités de première ligne, les anciens prisonniers de guerre russes n'étaient pas pour autant débarrassés des commissaires politiques.
"Chaque jour, écrivit un de ces derniers, j'ai passé deux heures à leur parler de la Mère Patrie, des atrocités des Allemands et de la loi concernant la trahison de la Mère Patrie. Nous les avons répartis dans différents régiments afin d'éliminer la probabilité que se retrouvent dans la même compagnie deux hommes qui aient pu être en Allemagne ensemble (...) Chaque jour et à chaque heure, nous nous tenions informés de leur moral et de leur comportement".
La paranoïa stalinienne était telle que chacun considérait que tout soldat russe fait risonnier par les Allemands ne pouvait qu'avoir été gravement influencé par la propagande antisoviétique, dont il importait de le purger de la manière la plus efficace et la plus radicale possible.
De cela, une balle ennemie pouvait évidemment se charger, mais aussi l'un quelconque des innombrables accidents qui, pendant toute la durée de la guerre, coûtèrent la vie à des dizaines de milliers de soldats russes, de l'empoisonnement par de l'alcool frelaté à l'hypothermie mortelle en état d'ébriété, en passant les "tirs amis" ou l'insuffisance de l'entraînement, notamment dans le maniement des armes.
"Un grand nombre de pertes opérationnelles", souligna un rapport du NKVD, sont dues à l'ignorance des officiers et au mauvais enseignement qu'ils prodiguent aux soldats. Dans une division, en un seul mois, vingt-trois soldats furent tués et soixante-sept autres blessés par des pistolets-mitrailleurs maniés avec imprudence et généralement entassés ou accrochés avec un chargeur plein encore engagé"
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