samedi 11 octobre 2003

215 - le "Groupe d'armée de la Vistule"

... pour Adolf Hitler, les revers militaires allemands s'expliquaient d'abord et avant tout par la pusillanimité et la traîtrise des généraux traditionnels

A mesure que la situation militaire empirait, il semblait de plus en plus convaincu qu'un homme suffisamment dévoué, impitoyable, et bien entendu fidèle, serait en mesure de rétablir la situation sur un front de l'Est qui, comme Guderian l'avait prévu, s'écroulait à présent comme un château de cartes.

Le 24 janvier 1945, il décida donc de propulser Heinrich Himmler, chef de la SS, comme commandant du nouveau "Groupe d'armées de la Vistule".

Dans l'après-midi, le colonel Eismann, de l'État-major général, partit rejoindre le quartier général de cette mystérieuse armée dont il n'avait jamais entendu parler, croisant en chemin "des convois sans fin de réfugiés venus de l'Est"

Contrairement aux autres, le quartier général du "Groupe d'armées de la Vistule" n'était pas facile à trouver, et il fallut en vérité toute
l'obstination d'Eismann pour le découvrir enfin sur un quai de gare : il s'agissait tout simplement du train personnel d'Heinrich Himmler.

Reçu par Himmler dans son wagon-salon, Eisman eut ensuite la surprise d'apprendre que le Reichsführer SS, à l'image de son maître, n'avait pas la moindre idée des troupes réellement disponibles sous son commandement, se contentant, toujours comme Hitler, de slogans creux et autres formules éroïques qui, si on les écoutait, finissaient presque par convaincre que l'armée allemande allait bientôt s'emparer de Moscou.

Sans surprise, la fantomatique "armée de la Vistule" disparut sans même avoir existé ni réussi le moindre miracle. Un sort en tout point identique fut d'ailleurs réservé à la tentative du même Himmler de doter la SS d'une aviation autonome, utilisant des pilotes et des avions plus ou moins suicides : à son premier vol, le 1er mars 1945, le prototype du Bachem Ba-349 "Natter" s'écrasa, tuant son pilote.

Quant à Heinrich Himmler, aussi dépourvu de courage que de qualités militaires, il jugea bientôt indispensable de mettre la plus grande distance possible entre lui-même et l'armée rouge, puis par trahir son maître en tentant de parvenir à une paix séparée avec les Anglo-américains par l'intermédiaire d'un diplomate suédois - le Comte Folke Bernadotte.

Une tentative là encore irréaliste, qui échoua à nouveau misérablement et valut à son auteur la colère d'Hitler puis la capture par les Britanniques, suivie par son suicide...

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