mercredi 8 octobre 2003

212 - la paranoïa

... confronté à une armée rouge qui progressait jour et nuit et avançait parfois de 60 kilomètres par jour en écrasant tout sur son passage, Hitler s'enfonçait se coupait de plus en plus des réalités et s'enfonçait dans une dépression chaque jour plus sévère

Contemplant des cartes constellées de petits drapeaux qu'il lui suffisait de déplacer ici ou là, le Maître du Troisième Reich était plus que jamais incapable de comprendre la réalité du terrain, et les difficultés qu'éprouvait l'armée allemande, constamment harcelée par les attaques alliées et désormais à court d'essence, de munitions mais surtout de soldats, pour se rendre d'un point A à un point B qui, sur la carte, n'était pourtant distant que de quelques centimètres

Au fil des années, la paranoïa d'Hitler à l'égard de l'armée et de l'État-major n'avait fait qu'empirer. L'attentat manqué du 20 juillet 1944, organisé par le comte Von Stauffenberg et auquel il n'avait réchappé que par miracle, n'avait certes pas arrangé les choses.

S'estimant trahi par tout le monde, le Führer entrait fréquemment dans des colères homériques, maudissait et insultait ses interlocuteurs - en particulier les porteurs de mauvaises nouvelles - et les relevait sur-le-champ de leur commandement en pleine bataille,... quitte parfois à s'excuser et à les réintégrer quelques heures ou jours plus tard (!)

Dans cette ambiance délétère, plus personne n'acceptait la moindre responsabilité, et surtout pas celle d'annoncer la moindre mauvaise nouvelle au Führer qui, pour sa part, persistait plus que jamais dans sa décision de conduire la guerre personnellement, interdisait à ses généraux de déplacer la moindre division ou le moindre char sans son ordre, et n'hésitait pas à prendre toutes les décisions lui-même sans en informer les généraux sur le terrain.

C'est ainsi qu'Heinz Guderian, qui avait réclamé en vain de nouveaux tanks pour renforcer ses lignes de défense sur la Vistule eut la surprise d'apprendre, quelques jours plus tard, que le Führer, loin de lui accorder des chars supplémentaires, avait au contraire fait déplacer une des divisions blindées stationnées sur la Vistule afin de lancer une énième, et bien entendu purement théorique, contre-offensive vers Budapest...

Heinz Guderian démissionna de ses fonctions le 5 mars 1945

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