vendredi 21 mars 2025

8231 - une volonté d'endiguement

Le cuirassé japonais Fuso, en 1933, lors de sa reconstruction quasi-totale...
… rétrospectivement, cette stratégie britannique, que l’on pourrait qualifier d’endiguement, apparait certes quelque peu naïve, mais il importe de préciser que personne, à l’époque, n’imagine que les fortifications de Singapour, avec en particulier leurs énormes canons de 15, 9.2 et 6 pouces (380, 234 et 152mm) puissent être prises à revers par une opération terrestre venue de Malaisie,… et encore moins que la Flotte américaine du Pacifique puisse quant à elle être anéantie à son mouillage dès les premières minutes du conflit !

Qui plus est, alors que la Marine impériale japonaise, tout au long des années 1920 puis 1930, ne va cesser de moderniser ses navires existants, en les allongeant, en changeant leurs machines et en les hérissant de canons et de plaques de blindage supplémentaires afin de leur conférer "une aptitude maximale au combat", la Royal Navy, faute de réelle volonté mais aussi, et malheureusement, de budget (1), est fort loin de mettre autant d’ardeur dans la modernisation de sa flotte !

Le Hood, ultime et plus gros croiseur de bataille du monde, ne bénéficiera ainsi que de modifications cosmétiques entre sa mise en service en 1920, et sa tragique disparition du fait du cuirassé allemand Bismarck, vingt-et-un ans plus tard.

Le Repulse et, surtout, le Renown, seront mieux traités sur ce point,… sans pour autant que les améliorations dont ils feront l’objet puissent rivaliser avec celles entreprises sur les navires japonais.

Et ce qui est vrai pour les croiseurs de bataille l’est tout autant pour les cuirassés : deux des cinq Queen Elizabeth, ainsi que les cinq Revenge (2), pourtant plus récents, ne seront pour ainsi dire pas modifiés durant tout l’entre-deux-guerres, et entameront donc la 2ème G.M. quasiment dans la configuration qui était la leur lors de la 1ère !

La meilleure manière de perdre une bataille a toujours été de ne pas s'y préparer..

(1) sur les quelque deux milliards de livres consacrés à la Défense entre 1920 et 1934, la Royal Navy s’en accapara néanmoins 47% (contre 40 à l’Armée de Terre et 13% à la RAF), ce qui démontre bien l’ampleur du problème, et des coûts, des gros bâtiments de guerre…

(2) conçus dans l’urgence, les Revenge étaient pour l’essentiel une version simplifiée, mieux protégée mais plus lente et globalement moins efficace, des Queen Elizabeth précédents

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour! Bravo pour le blog...A ce tableau déjà pas fameux pour la marine de sa Majesté, il faut ajouter une certaine incapacité à innover ou à innover de travers dans certains domaines: Coques toujours rivetées, alors que les cuirassés de poche sont soudés, pas de recours au Diesel (même pour les petits bâtiments , les corvettes Flower ont encore des machines à vapeur à pistons du type VTR...comme d'ailleurs les liberty ships américains) . Les gros cuirassés rapides ont été annulés (traité de Washington, et les compromis bâtards qui les ont remplacés (Nelson et Rodney) ont des coques trop fragiles qui encaissent mal la grosse houle atlantique (phénomène de panting- littéralement essoufflement-) le sous-marins anglais n'ont pas de schnorkel...alors que cette invention hollandaise ne devrait pas avoir échappé à leurs services de renseignement...Seuls les futurs porte avions sont bien nés , mais la première génération est assez bâtarde, car résultant d'adaptation de navires existants...
A se demander où , dans quelles poches, passent les bénéfices du capitalisme colonial britannique