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Le Nagato, en 1924 : symbole des nouvelles ambitions japonaises... |
Mais pour bien comprendre autant cette spectaculaire résurrection que son inévitable et presque immédiat crépuscule, il importe, comme toujours, de revenir plusieurs années en arrière, et plus précisément au lendemain d’une 1ère G.M. qui, un peu partout dans le monde, a vu une incroyable augmentation non seulement du tonnage mais aussi du nombre et, inévitablement, du coût, des cuirassés en service.
Si le Dreadnought britannique - premier cuirassé moderne - pouvait, avec ses 18 000 tonnes et ses dix canons de 305mm, passer pour un monstre à son lancement en 1906, il fait à présent figure de nain face aux américains Colorado ou japonais Nagato, qui avouent 33 000 tonnes et 8 canons de 406 ou 410mm, et rien, pas même la fin de la "dernière des guerres", ne semble vouloir mettre un terme à cette inflation constamment alimentée par la volonté des amiraux de disposer de davantage de navires, de plus gros navires, et de plus gros canons, que leurs rivaux étrangers.
En 1921, néanmoins soucieux de mettre un terme à cette surenchère qui menace d’engloutir les économies du monde entier, le Président américain Warren G. Harding a convoqué à Washington une grande conférence visant à réduire les ambitions navales des uns et des autres,… à commencer bien sûr par celles des États-Unis eux-mêmes qui, l’année précédente, proclamaient encore leur volonté de bâtir une gigantesque flotte de combat "qui ne soit dépassée par personne dans le monde"
Le 06 février 1922, après de longues et pénibles tractations au cours desquelles les Américains ont - déjà - scandaleusement espionné les délégations invitées (!), un compromis a finalement été trouvé : les Britanniques pourront conserver 22 cuirassés ou croiseurs de bataille (1) jusqu’en 1927, puis devront se contenter de ne plus en avoir que 18, soit le même nombre que les Américains, tandis que les Japonais, les Italiens et les Français seront quant à eux limités à 10 chacun, ce qui - on s’en doute - ne va pas manquer d’alimenter les rancoeurs dans les années à venir…
(1) apparu peu après le premier Dreadnought, le croiseur de bataille dispose du même armement qu'un cuirassé, auquel il ressemble d'ailleurs à s'y méprendre, mais troque une partie du blindage de ce dernier au profit de machines plus puissantes, lui conférant une vitesse supérieure
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