samedi 8 mars 2025

8218 - facteur humain, facteur technique, facteur allemand...

Le Lockheed Hudson, ou "le facteur fusible"
… le facteur humain joua d’ailleurs un grand rôle dans le succès des Allemands,… et dans la faillite du Plan Fuller !

Même s’il se garda bien de jeter qui que ce soit dans la fosse aux lions, Alfred Bucknill n’en souligna pas moins dans son rapport le flagrant manque de coordination, et même de communication, entre les différents services de l’appareil militaire britannique; l’absence de curiosité des opérateurs radars confrontés durant plusieurs jours à de subites interférences qu’ils attribuèrent à de simples "perturbations météorologiques" sans imaginer une seule seconde qu’elles puissent en réalité être dues à un brouillage allemand; l’incapacité répétée de l’Aviation et de la Marine à mener la moindre attaque coordonnée contre les navires ennemis, et celle des équipages du Bomber Command à simplement repérer les dits navires en mer; ou encore, et évidemment, la profonde léthargie du Coastal Command face à la défaillance accidentelle, mais quasi-simultanée, de deux de ses appareils de surveillance.

Pourtant inévitables dans toute bataille, les incidents techniques n’étaient d’ailleurs aucunement pris en compte dans le Plan Fuller : ainsi, lorsque le Lockheed Hudson qui patrouillait au large de Brest fut victime d’une banale panne radar, panne due au déclenchement d’un vulgaire fusible (!), mais panne que ses opérateurs, faute là encore d’une formation adéquate, s’avérèrent incapables d’identifier et de solutionner eux-mêmes (!), cet appareil n’eut d’autre choix que de s’en retourner piteusement à sa base,… puis d’y demeurer durant d’interminables minutes sans que quiconque ne ressente le moindre sentiment d’urgence, ni se préoccupe vraiment de le remplacer dans les plus brefs délais.

Quantité et qualité des moyens matériels et humains mis à part, le Plan Fuller reposait toutefois sur la profonde conviction que les Allemands, s’ils se décidaient à emprunter La Manche, tenteraient forcément de franchir Douvres - la partie la plus étroite et la plus périlleuse du trajet - sous le couvert de la nuit et, en conséquence, quitteraient Brest au plus tard en début d’après-midi,… ce qui ne manquerait évidemment pas d’être très vite observé puis communiqué aux différents responsables de la Marine et de l’Aviation, lesquels bénéficieraient dès lors de plusieurs heures pour se préparer à un affrontement.

Personne, dans l’appareil militaire britannique, n’avait véritablement envisagé que ces derniers, de manière il est vrai fort désobligeante, choisiraient au contraire d’opter pour un départ de nuit, et donc une arrivée devant Douvres en plein jour,… et encore moins qu’ils ne seraient finalement détectés qu’une douzaine d’heures après leur appareillage (!), ce qui ne laisserait inévitablement que très peu de temps pour organiser une riposte efficace, et une riposte qui devrait de surcroît composer avec la présence, quant à elle totalement imprévue, de plusieurs centaines de chasseurs allemands en mesure de se relayer dans le ciel durant des heures, et d’assurer ainsi la protection des navires jusqu’à la tombée de la nuit, c-à-d jusqu’à ce que ceux-ci soient quasiment rendus dans les eaux allemandes !

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