mardi 28 janvier 2025

8179 - la guigne, toujours

Vedette lance-torpilles britannique : au bon endroit, au bon moment... mais trop peu nombreuses
… La Manche, 08h00

Car à 08h00, alors qu’elle a maintenant quitté Brest depuis un peu plus de dix heures, la flottille allemande, qui compte à présent près d’une vingtaine de navires suite à l’arrivée d’un premier contingent de vedettes lance-torpilles, n’a toujours pas été repérée et continue de tracer imperturbablement sa route à 30 noeuds à travers La Manche,... un exploit d’autant plus remarquable que réalisé par des navires et des équipages qui, après tout, ont passé les six derniers mois quasiment sans quitter le port !

Sur la passerelle du Scharnhorst, l’amiral Ciliax a donc de quoi être satisfait : jusqu’ici, la traversée s’effectue en effet infiniment mieux qu’il n’aurait jamais osé l’espérer, et si la lueur du jour rend désormais ses navires plus repérables, elle va en revanche permettre, dans quelques minutes, l’arrivée des chasseurs de la Luftwaffe, qui se chargeront d’assurer la couverture aérienne des navires.

Côté britannique, en revanche, la situation ne s’est nullement améliorée. A 08h25, des opérateurs radars ont certes observé plusieurs échos d’avions à proximité du Havre,… mais les ont attribués à une simple patrouille d’escorte d’un quelconque convoi côtier alors qu’il s’agit bel et bien des premiers appareils expédiés par Galland pour protéger les navires de Ciliax,... lesquels n’apparaissent toujours pas sur les radars, apparemment victimes des mêmes "interférences atmosphériques" déjà remarquées lors des jours précédents !

A Douvres, au même moment, le signal de fin d’alerte a été transmis aux Swordfish de Manston et aux destroyers de Harwich. Encore une journée de veille inutile, se sont dit les aviateurs et marins, qui commencent à en avoir l’habitude.

A Ramsgate, en revanche, la nuit a été passablement plus agitée, puisque les vedettes lance-torpilles, qui attaquaient un petit convoi allemand près d’Ostende, ont rapidement été pris à partie par des destroyers ennemis et, dans leur retraite, ont vu trois des leurs s’échouer sur les côtes du Kent

Si on y ajoute le fait qu’à Douvres-même, une autre vedette est à présent victime d’insondables problèmes de moteurs, cela n’en laisse donc plus que huit sur les douze originellement prévues par le Plan Fuller pour parer une éventuelle sortie allemande !

La guigne, toujours...

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Les vedettes lance torpille...toutes les marines s'y sont intéressées après les exploits italiens de la 1° guerre mondiale...et le torpillage du Sankt Isztvan...mais avec une escorte de destroyers et de vedettes lance torpille, des vigies sur le qui-vive, des canonniers le doigt sur la détente et des bateaux allemands hérissés d'artillerie légère à tir ultra rapide genre Oerlikon ...Ce genre de bateaux durant la 2° GM a surtout servi contre des navires de commerce et des unités légères, ou pour donner le coup de grâce à des gros bâtiments déjà endommagés

Anonyme a dit...

Bonjour! Les vedettes rapides anglaises avaient (comme leurs homologues italiennes et allemandes ) des coques superbement construites dans des chantiers spécialisés dans la plaisance haut de gamme (Vosper-Thornycroft, Fairmile...etc en Angleterre, Baglietto en Italie, et Lürssen en Allemagne, qui existe toujours et s'est spécialisés dans les super yachts rapides, dont certains propulsés par des turbines à gaz dérivés de turboréacteurs aéronautiques, comme le 72 mètres Eco, qui frise les 40 noeuds ).
Les anglais utilisaient la construction en triple bordage croisés contrecollés (assez proche du bois moulé) en acajou du Honduras et Teck de Birmanie pour les pièces massives...un massacre d'espèces tropicales à pousse lente qui ferait s'étrangler un écologiste actuel.
Mais elles sont, comme tous ces bateaux très vulnérables (très peu blindées , un peu de tôles au niveau des postes de combat et des parties sensibles de la mécanique, mais guère plus).

Elles sont plus légères que les S boot allemands, et ont une puissance impressionnante ...mais obtenue en utilisant deux moteurs Rolls Royce Merlin (marinisés et dégonflés par rapport aux versions aéronautiques...mais alimentés en essence aviation à haut indice d'octane , via des carburateurs). Ceci, et la construction en bois moulé leur a valu le surnom de Mosquito boats , par analogie avec le chasseur bombardier de De Haviland, construit en bois et également propulsé par deux Merlin.
Pour une patrouille en Manche il faut faire des pleins de plusieurs centaines de litres...autant dire que ce sont des bombes incendiaires en puissance et qu'il faut avoir le coeur...et le reste, bien accrochés, pour s'approcher à porté de torpilles de bâtiments bien défendus et bien escortés...notamment par des vedettes allemandes , plus marines par mauvais temps et qui elles ont trois gros moteurs Mercédès ...Diesel , avec un carburant à bas point éclair, beaucoup moins explosif.
Alistair Mac Lean (dans "les canons de Navarone") qui fut quartier maître dans la Navy avant de devenir auteur de best-sellers assez peu psychologiques, met dans la bouche d'un de ses personnages son opinion sur ces performants mais délicats engins : " Capricieuses comme des étoiles de cinéma"...parole d'orfèvre en la matière.