Volontaires féminines de la Kokumin Giyū Sentōtai s'entraînant avec des fusils de.... 1880 ! |
... prévu pour le début du mois de novembre 1945, Olympic, c-à-d le débarquement sur l'île de Kyushu, la plus petite des deux grandes îles de l'archipel japonais, doit mobiliser près de 650 000 hommes, et précéder de quelques mois le débarquement sur l'île principale de Honshu, Coronet, prévu pour mars 1946.
Pour y parer, les Japonais ont quant à eux massé 14 divisions au Kyushu, 38 au Honshu et Shikoku, 5 à Hokkaido, tandis que vingt-huit millions de civils (!) ont été embrigadés à la hâte dans une milice populaire, le Kokumin Giyū Sentōtai, ou "corps combattant des citoyens patriotiques", calquée sur le modèle de la désormais défunte "Volkssturm" allemande.
Comme pour celle-ci, ce sont évidemment les armes qui leur manquent le plus - bon nombre de ces miliciens en sont en effet réduits à porter... des lances de bambou (!) - mais qu’importe, la Patrie mérite qu'on la défende à tout prix et, de toute manière, les kamikazes sont là pour montrer le bon exemple : sur le papier, l'aviation japonaise dispose encore, en cet été de 1945, de près de 10 000 appareils - soit trois fois plus qu'au commencement de la guerre (!) - et si l'essence est sévèrement rationnée, et l'entraînement au pilotage réduit au strict minimum, les volontaires n’ont jusqu’ici jamais manqué pour se précipiter à plus de 600 km/h sur les navires américains…
"Deux postulats fondamentaux sous-tendaient encore le raisonnement stratégique japonais : d’abord le fait que les Américains devraient nécessairement envahir leurs îles natales pour revendiquer la victoire; et ensuite que, dans cette éventualité, ils pourraient être repoussés.
Tous les éléments déjà utilisés à cet effet sur Okinawa seraient déployés à de multiples reprises au Kyushu : défenses fixes, avions kamikazes, bateaux-suicides, bombes-fusées-suicides "ohka", unités antichars suicides.
Le manuel de terrain récemment publié par l'armée japonaise pour cette bataille décisive dans la mère-patrie appelait à se montrer résolument impitoyable envers tout Japonais, jeune ou vieux, homme ou femme, qui entraverait la défense ou serait utilisé comme bouclier par les envahisseurs.
Il n'y aurait pas de retraite. Les blessés devraient être abandonnés. Ceux dont les armes et les munitions seraient épuisées devraient continuer à se battre à mains nues. Il s'agissait d'un engagement à créer non seulement une armée de suicidaires, mais une nation toute entière" (1)
(1) Hastings, op cit
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