mercredi 9 octobre 2024

8068 - la révolte impossible

Hirohito : l'absent toujours présent
... et comment pourrait-il en être autrement dans une dictature comme le Japon, où le civisme et la conformité sont vertus nationales depuis des temps immémoriaux, et où le simple fait de distribuer un quelconque tract anti-gouvernemental, déjà impensable en soi, est de toute manière puni de mort ?

Dans de telles conditions, comment pourrait-il y avoir une révolte populaire ou même un appel décisif à la cessation des hostilités ?

Tout comme en Allemagne, le bombardement des villes d’une telle dictature dans le but de précipiter une paix rapide est en réalité nécessairement voué à l'échec, faute d'une opinion publique davantage réceptive au message des bombes qu’aux harangues des ultras et aux fusils maniés par les différentes milices du régime.

Tout comme en Allemagne, seul le leader suprême est en mesure de reconnaître - ou non - la réalité de sa défaite et d’accepter - ou pas - les conditions que son futur vainqueur exige de lui.

Le 30 avril, Hitler a préféré se suicider plutôt que d’accepter la Capitulation, reste à donc savoir ce que fera l’Empereur Hirohito.

Jusqu’à son suicide, Hitler n’a lui aussi vécu qu’entouré d’ultras, et comme il n’a jamais existé en Allemagne la moindre figure d’importance en mesure - ou même simplement désireuse (!) - d’incarner une légitimité nouvelle advenant un éventuel Coup d’État contre son régime, ou une tentative d’assassinat contre sa propre personne, le peuple allemand, que cela lui ait plu ou non, n’a eu d’autre choix que de combattre jusqu’à la mort de son Führer,... et même quelques jours au-delà.

Au Japon, en cet été de 1945, la situation est toutefois plus complexe, puisque les responsables politiques qui ont décidé la guerre, qui la gèrent au quotidien, et qui, pour certains, envisagent bel et bien d’y mettre un terme, ne doivent en réalité leur poste qu’à l’Empereur Hirohito, et ne tirent leur légitimité que de celui-ci...

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