mercredi 4 septembre 2024

8033 - le triomphe du gril...

Cadavres brûlés sur un gril à la Place de l'Altmarkt
... plus question d'honorer quelques dizaines de martyrs du Reich de Mille Ans : ne serait-ce que pour des raisons sanitaires, il faut au contraire faire disparaître, et surtout faire disparaître le plus vite possible (!), des milliers et des milliers de corps souvent carbonisés au point d'en être rendus totalement inidentifiables !

A Dresde, les équipes de secours, totalement dépassées par l'ampleur de la catastrophe, fouillent inlassablement les gravats à la recherche d'éventuels survivants, mais ne trouvent le plus souvent que des cadavres.

Combien de cadavres ? Aujourd’hui encore, nul ne peut le dire avec certitude.  Évalué à "bien plus de 100 000" par l'occupant russe au lendemain de la guerre, le total des morts de Dresde tourne plutôt aujourd’hui aux alentours des 35 000, ce qui demeure néanmoins considérable,... et excédait de toute manière largement ce que les autorités locales étaient capables de "traiter" avec les faibles moyens dont elles disposaient à l’époque.

Alors, pour se débarrasser du "problème", celles-ci finissent par recourir à une méthode d'élimination directement héritée du Moyen-Âge.

"Des travailleurs et des prisonniers russes creusèrent des tombes dans les cimetières de Dresde pour dix mille personnes tombées au champ d'honneur. Survint un radoucissement du temps (...) qui accéléra la décomposition. Il ne restait plus d'autre choix (...) que de donner l'autorisation d'incinérer les corps. Cela eut lieu sur l'Altmarkt, où l'on bâtit d'immenses grils avec des poutrelles de fer. Sur chacun d'eux, on disposa environ cinq cents corps les uns sur les autres. On les imprégna d'essence et on y mit le feu" (1)

Ironie de l’Histoire, ces grils improvisés ont été construits avec la participation de SS, qui ont eux-mêmes appris cette méthode de crémation pour le moins originale au camp d'extermination de Treblinka, où on la pratiquait sur les cadavres des Juifs assassinés...

(1) Jorg Friedrich, "L'Incendie", page 394

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