Cadavre d'une mère, effondrée sur le berceau de son enfant qu'elle vainement tenté de protéger |
Et de fait, la gare de Dresde et ses alentours sont effectivement bondés... mais de réfugiés fuyant l’avancée de l’Armée rouge !
Et l’ironie suprême veut qu’après le raid nocturne des Britanniques sur le centre-ville, les dits réfugiés vont être rejoints dans les environs de la gare par des milliers de citadins occupés à fuir les flammes qui ravagent le dit centre-ville,... et que cet endroit va précisément se retrouver ciblé, le lendemain, 14 février, par... 316 forteresses volantes américaines qui, pour faire bonne mesure, seront relayées par 211 autres le surlendemain !
"C’était", écrivit l'historien Frederick Taylor, "comme si l'ennemi avait anticipé chaque mouvement des habitants de Dresde, puis les avait tués tel du bétail astucieusement conduit dans des enclos" (1)
Au total, du 13 au 15 février, quelque 1 300 bombardiers lourds vont ainsi transformer une cité jusque-là miraculeusement épargnée par la guerre en un nouvel enfer sur terre, un enfer où les cadavres se comptent bientôt par milliers, puis dizaines de milliers, et finissent par largement excéder la capacité d’en disposer.
Au début de la guerre aérienne, l'Allemagne nazie n'éprouvait pourtant aucune difficulté à offrir cérémonie officielle, cercueil décent et sépulture individuelle à chaque victime civile des bombardements britanniques, ainsi bien sûr que décorations, indemnisations et sympathies personnelles du Führer aux survivants et héritiers.
Mais depuis la mi-1943, les morts sont devenus à ce point nombreux qu’il a fallu en revenir aux fosses communes, et passer des cercueils en sapin aux sacs de toile que l'on coud simplement autour des cadavres avant de les lancer un par an dans la fosse...
(1) Randall, op cit, page 327
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