vendredi 30 août 2024

8028 - "Laissez les bombardements de zone à ceux qui y croient : les Britanniques !"

Doolittle, accrochant une de ses médailles japonaises à une bombe destinée au Raid sur Tokyo
... en ces ultimes mois de la Grande Illusion en Europe, la 8ème est donc condamnée  à unir ses forces à celles du Bomber Command, et à pratiquer, tout comme lui, le Bombardement de Zone sur les villes allemandes, à commencer bien sûr par Berlin, et sans qu’il soit plus question d’une quelconque recherche de "précision".

Dans le camp américain, beaucoup ne comprennent pourtant pas l’intérêt, et n’approuvent pas davantage la moralité, d’un tel changement de paradigme, et c’est particulièrement le cas de son propre commandant, "Jimmy" Doolittle !

"Lorsque Spaatz présenta le plan à Doolittle, le 30 janvier, celui-ci le considéra tel qu'il était : un bombardement de terreur, que les forces aériennes américaines avaient jusque-là jugé immoral et inutile. Il répondit à Spaatz, le pressant de reconsidérer sa décision. Doolittle souligna qu’il "n’y avait pratiquement aucune cible importante, strictement militaire, dans la zone indiquée". Il rejeta l’idée selon laquelle les Berlinois pourraient être terrorisés et amenés à se rendre".

(...) "Les chances de terroriser et de soumettre, simplement par une concentration accrue de bombardements, un peuple soumis à des bombardements intenses depuis quatre ans sont extrêmement faibles" (...) "Quelle que soit son efficacité, et dans ce qui pourrait être l’une de nos dernières et de nos plus mémorables opérations, nous allons", poursuivit Doolittle, "violer le principe américain fondamental de bombardement de précision de cibles d’importance strictement militaire pour lesquelles nos tactiques ont été conçues et nos équipages entraînés et endoctrinés. Laissez les bombardements de zone à ceux qui y croient : les Britanniques !"

(...) Cet appel à la conscience eut certainement un effet, puisque Spaatz refusa même d’y répondre. "Frappez Berlin !", se contenta-t-il de répliquer, "chaque fois que les conditions
[météo] n’indiquent pas la possibilité d’un bombardement visuel de cibles pétrolières, mais permettent des opérations vers Berlin"" (1)

(1) Randall, op cit, page 324

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