Arnold : "il me semble que nous devrions obtenir des résultats bien meilleurs et bien plus décisifs" |
Dès lors, comment peut-on décemment croire, en 1945, que de nouveaux bombardements sur cette même ville réussiront enfin à la briser, et surtout à briser la volonté de résistance de ses habitants et de leur gouvernement ?
Sans surprise, Churchill, toujours aussi ulcéré de voir "les satanées fusées idiotes" s’abattre impunément sur sa propre capitale, s’est toutefois aussitôt enthousiasmé à cette idée, tout comme, et de manière tout aussi peu surprenante, Arthur Harris, qui s’est déclaré prêt à y renvoyer ses bombardiers dès que les conditions de lune le permettraient, mais aussi, dans la foulée, et tant qu’à y être, a immédiatement suggéré d’en faire de même avec les villes de Chemnitz, Leipzig et... Dresde, lesquelles, à l’instar de Berlin, abritent également quantités de réfugiés chassés par l’avancée de l’Armée rouge.
Mais cette idée a également trouvé écho chez les Américains, en particulier chez Arnold qui, dans une missive désormais célèbre à Spaatz, a souligné "qu’avec notre incroyable puissance de frappe, il me semble que nous devrions obtenir des résultats bien meilleurs et bien plus décisifs que ceux que nous obtenons actuellement", et également chez George Marshall, commandant-en-chef de l’Armée de Terre.
"Le général Marshall était tout aussi impatient. Il voulait sortir les troupes [américaines] d’Europe pour les expédier dans le Pacifique, et il était prêt à tout tenter pour y arriver. Les Allemands ayant redoublé de résistance, on devait à présent les affronter avec une force redoublée.
Juste avant Yalta (1), il avait rencontré Frederick Anderson (2) et lui avait dit qu'il souhaitait que Munich soit bombardée (...) ainsi que les villes situées dans le corridor Berlin-Leipzig-Dresde. Eisenhower et Bradley appuyèrent cette demande - il n’était pas nécessaire d’en référer à Roosevelt, puisque le Président appelait depuis des années à ce que la fureur de l’enfer se déchaîne contre l’Allemagne » (3)
(1) la Conférence de Yalta débuta le 04 février 1945
(2) chef des Opérations du général Spaatz
(3) Randal, op cit, pp 323-324
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