Et ils vont le frapper non plus afin de freiner la production d’armements ou d’attirer les chasseurs allemands dans le Ciel, mais bien dans le but, au moins avoué, d’aider les Soviétiques et aussi, pensent-ils,... de hâter la fin de la guerre, attendu qu’en bombardant le centre-ville et les immeubles d’habitations civils de la capitale du Reich à cette étape décisive de la guerre où le dit Reich est, précisément, occupé à s’effondrer et envahi, tant à l’Ouest qu’à l’Est, non seulement par les armées alliées, mais aussi par des millions de réfugiés qui n’ont plus nulle part où aller, on va nécessairement, comme le souligne un rapport, "créer une grande confusion, entraver le mouvement ordonné des troupes vers le Front [de l’Est], et entraver la machine militaire et administrative allemande".
"Tous ceux qui ont déjà travaillé dans une vaste et complexe organisation n’auront pu s’empêcher d’observer la curieuse tendance de la part de ses responsables à constamment réinventer la roue : des idées qui ont déjà été testées, sans succès, dans le passé reviennent sur le tapis. Lorsqu’elles reviennent, les plus jeunes, qui n’ont pas entendu les arguments initiaux ou n’ont pas compris les conséquences des décisions antérieures, ou les personnes plus âgées qui les ont entendus mais les ont oubliés, s’emparent alors de ces idées, et les mettent en pratique.
L’argument de l’atteinte au "moral" a déjà été essayé, testé et jugé totalement insuffisant. Pourtant, en 1945 (!) le revoilà à nouveau, légèrement remanié sous le nom de "confusion".
Et comme cela s’était souvent produit dans les débats sur les bombardements de zone, d’autres arguments furent avancés pour fournir des justifications supplémentaires : on croyait à tort que la 6e Armée Panzer SS avait quitté la Belgique pour le Front de l'Est et passerait par Berlin; détruire la ville démontrerait également aux Soviétiques le désir des Américains et des Britanniques de les aider, améliorant ainsi la position des Alliés occidentaux lors de la prochaine conférence de Yalta; finalement, même si personne ne l’exprima ainsi, le bombardement de Berlin semblait - comme cela avait été le cas presque depuis de la guerre – la bonne chose à faire (1)
(1) Randall. Fire and Fury, op cit pp 320-321
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