mercredi 22 mars 2023

7511 - une efficacité militaire dérisoire

Le Vickers Wellington, le meilleur appareil du Bomber Command en 1941
... 18 août 1941

Comment, dans ces conditions, venir réellement en aide à l'URSS, et surtout fournir à Staline les garanties d'engagement qu'il exige ?

Au niveau réellement militaire, tout ce que peut faire la Grande-Bretagne, et tout ce qu'elle pourra faire en pratique jusqu'à l'Invasion de l'Italie... deux ans plus tard (!), c'est bombarder l'Allemagne du haut des airs !

Mais en cet automne de 1941, le Bomber Command est lui-même encore très loin de représenter une menace sérieuse pour le Troisième Reich.

Le 18 août, la publication du "Butt Report" sur l'efficacité des bombardements, menés de nuit pour minimiser les pertes, a d'ailleurs provoqué la consternation au sein du gouvernement Churchill, lorsqu'il est clairement apparu qu'entre juin et juillet, "parmi les avions enregistrés comme attaquant leur cible, seul un sur trois s'en est approché à moins de 8,0 km. Sur les ports français, la proportion fut de deux sur trois; sur l'ensemble de l'Allemagne, la proportion fut de un sur quatre; sur la Ruhr, ce n'était qu'un sur dix. A la pleine lune, la proportion était de deux sur cinq; à la nouvelle lune, ce n'était qu'un sur quinze"

Dit autrement, non contents de coûter fort cher en hommes et en appareils, les dits bombardements ne causent pour ainsi dire aucun dommage à l'ennemi, et d'autres études, réalisées après la guerre, démontreront de surcroît que la moitié des bombes larguées au-dessus du territoire allemand entre mai 1940 et mai 1941 sont même carrément tombées... en rase campagne, c-à-d au beau milieu de nulle part !

En février de l'année suivante, "l'Area Bombing Directive", visant cette fois à ne plus s'en prendre qu'aux seules cibles de grandes dimensions - autrement dit aux villes et aux importants centres industriels - ainsi que la nomination d'Arthur Harris à la tête du Bomber Command améliorera quelque peu les choses, sans pour autant impressionner un Joseph Staline plus que jamais désireux d'en obtenir bien davantage...


1 commentaire:

Anonyme a dit...

Lss anglais se sont longtemps bercés d'illusions sur la précision de leurs bombardements...peut être en raison de leur grande tradition maritime: Les navigateurs des bombardiers anglais calculaient leur position ...au sextant et au chronomètre, avec calcul sur tables logarithmiques et règle à calcul+ crayon et papier , tout comme le Capitaine Cook ou l'Amiral Nelson à la fin du XVIII° siècle, en visant les astres nocturnes depuis un "astro-dôme" (une coupole en plexiglas) sur le dos du fuselage...que Tabarly réemploiera 25 ans plus tard sur son voilier ;;; littéralement, il avait installé sur Pen-Duick II une coupole astrodôme d'un hydravion Short Sunderland ex coasal command mis à la ferraille à la base aéronavale de Lanvéoc -Poulmic)

L'ennui c'est que les bateaux de Nelson et de Cook (et le petit bolide en contreplaqué de Tabarly lors de la Transat 1964) allaient au mieux à 10 ou 15 noeuds de vitesse...et que les bombardiers comme le Wellington ou le Lancaster étaient 20 fois plus rapides...le temps de poser les sinus et les cosinus, l'élévation et l'azimut de la droite de hauteur corrigée de l'erreur de collimation et de l'âge du capitaine...la cible était loin dans le sillage de l'avion!

Pendant ce temps les allemands utilisaient des faisceaux radio-goniométriques (le Knickbein puis bien d'autres...qui donneront des cauchemars aux anglais, jusqu'à ce que l'équipe de crânes d'oeuf du très futé savant anglais Reginbald Victor Jones ne réussisse à les déjouer et à les brouiller au cours de la très discrète mais cruciale "bataille des faisceaux"