mercredi 3 février 2021

6633 - le grand coup

Hitler lors de "Journée de la commémoration des héros", 21 mars 1943
… dans ces conditions, et Hitler en convient lui-même, il n’est cette fois plus question d’espérer remporter une "victoire totale" contre les Soviétiques au printemps 1943 ni, a fortiori, de la remporter contre les Soviétiques et les Anglo-Américains réunis !

En revanche, un "grosse Schlag", un "grand coup", c-à-d une grande victoire tactique obtenue contre l’un ou l’autre de ces adversaires pourrait l’amener à se présenter à la table de négociations et le convaincre de signer une paix séparée sur le modèle de celle arrachée aux Russes par l'empereur d'Allemagne Guillaume II, lors du Traité de Brest-Litovsk de mars 1918.

A Casablanca, les Alliés ont certes affirmé qu’ils n’accepteraient rien moins de l'Allemagne qu'une "Capitulation sans condition", mais des pertes matérielles et humaines très élevées dans leurs rangs pourraient cependant les amener à changer d’avis et à réaliser que le coût d’une telle exigence n’en vaut tout simplement pas la chandelle.

Et quand bien même aucun des adversaires ne se résoudrait finalement à négocier, les quelques semaines ou quelques mois également gagnés grâce à ce grosse Schlag permettront de toute manière au Reich de respirer et peut-être même de mettre en service l’une ou l’autre "arme miracle" déjà en développement, renversant ainsi le cours de la guerre en sa faveur.

Qu’importe ici le degré de réalisme d’un pareil espoir : pour Hitler, pour ses officiers, et sans doute pour la plus grande partie du peuple allemand, le "grand coup" constitue bel et bien la seule alternative à la défaite, et le seul moyen d’obtenir sinon une paix séparée, du moins un délai peut-être salvateur…

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour...excellente définition des enjeux politiques vus du côté allemand, mais qu'en est il vu du côté des alliés anglosaxons?
1943 c'est un autre point de bascule....c'est à peu près la date où l'Empire britannique (qui va se désagréger à 15 ans d'échéance) perd le leadership mondial au profit des américains...même s'il le voulait, Churchill ne pourrait pas obtenir des américains la révision de la position sur l' "unconditional surrender"...et puis, il y a Staline et les Soviétiques: Leur territoire est envahi, ils sont la chair à canon de cette guerre (certaines estimations donnent 22 millions de morts) et ils sont bien décidés à rendre coup pour coup, oeil pour oeil et dent pour dent, jusqu'à Berlin et au delà si c'est possible et eux non plus n'ont pas la moindre intention d'accepter une paix de compromis.En celà Staline se comporte en Tsar et voudrait bien ramener "l'empire" dans ses frontières pré-1917 (il déclarera même la guerre au Japon in extrémis pour récupérer le maximum de territoires d'extrême orient perdus quarante ans plus tôt à Port -Arthur et Tsoushima.)

On dit souvent que qui paie les violons choisit la musique:
Roosevelt et les américains paient (principalement) en dollars et en industrie (l'arsenal des démocraties, les liberty ships produits à la chaîne comme des grille pains, les B17 et les tanks Sherman,)
Staline et les russes paient aussi, mais, même si leur industrie militaire se modernise à marches forcées, c'est principalement en sang et en chair à canon russe...

Ni les Américains , ni les Russes ne veulent d'un retour à un statu quo d'avant guerre et Churchill restera pour l'histoire celui qui a gagné la guerre, mais perdu l'empire.
Cela Hitler ne semble pas l'avoir compris...militaire oui,parfois moins calamiteux que ce qu'on en a dit, mais pas un géo-stratège économico-politique.