mercredi 2 décembre 2020

6570 - "l’attaque contre le centre de la ville de Stalingrad pourrait commencer presque tout de suite et s'achever en dix jours"

Stalingrad, ou comment gagner une bataille dans une ville en ruines

… régulièrement fustigés par Hitler, les généraux allemands font le gros dos.

Certains s’efforcent de ne manifester aucune émotion devant les ordres de leur Führer, aussi monstrueux soient-ils : le 31 août, le général Halder, chef de l'état-major général de l'armée de Terre, écrit ainsi avec le plus parfait détachement que "Le Führer ordonne que dès l'entrée dans la ville, toute la population de sexe masculin soit éliminée, puisque Stalingrad, avec sa population profondément communiste d'un million d'habitants, est particulièrement dangereuse. (...) Population masculine à détruire, femmes à déporter"

D’autres tentent en revanche de l’amadouer en ne lui disant que ce qu’il a réellement envie d’entendre : le 11 septembre, le général von Weichs, commandant du Groupe d'Armées B, assure ainsi à son Führer que "l’attaque contre le centre de la ville de Stalingrad pourrait commencer presque tout de suite et s'achever en dix jours" (1)

Sur le terrain, pourtant, l'optimisme du départ a, tout comme l’année précédente, fait place à une sourde inquiétude : dans les faubourgs de Stalingrad, on ne se bat même plus pour s'emparer d'un quartier ou même d'une rue, mais bien pour la possession d'une maison (ou plutôt de ses ruines), quand ce n’est pas pour celle d'un simple mur.

Constamment appelés à la rescousse, les aviateurs de la Luftwaffe volent trois à quatre fois par jour pour bombarder et re-bombarder "un désert de bâtiments carbonisés où aucun mur ne restait debout" (2)

Paradoxalement, les fantassins qui ne cessent de réclamer ce soutien aérien découvrent avec horreur qu'en transformant la ville entière en immense amas de ruines, leurs camarades aviateurs ne font que multiplier, comme à l'infini, les emplacements où les snipers et les combattants russes isolés peuvent se dissimuler pour mieux leur tirer dessus !

De toute manière, soldats russes et allemands combattent si près les uns des autres qu'il n’est pas rare de les voir mutuellement anéantis et enterrés par une salve d'artillerie - la leur ou celle de l'adversaire - déterrés par une deuxième salve,… et ré-enterrés par une troisième !

(1) Kershaw, op cit pages 772-773
(2) Beevor, op cit page 196

Aucun commentaire: