mardi 1 décembre 2020

6569 - "Leurs compte-rendus pouvaient représenter jusqu'à 500 pages en une seule journée"

Plan du Werwolf : les aménagements étaient bien plus sommaires qu'à la Wolfsschanze

… en ce début d’automne de 1942, Adolf Hitler est tout à la fois chef du gouvernement, chef de l’État, chef des Armées et même, depuis le mois d’avril, "Juge suprême du Peuple allemand".

Depuis plus d’un an, à la Wolfsschanze d’abord, au Werwolf ensuite, écrasé sous le poids des responsabilités, et constamment en conflit avec ses généraux, il a passé la quasi-totalité de son temps sous un stress permanent mais aussi dans des baraquements et des bunkers insalubres, bâtis dans des forêts paludéennes perdues au beau milieu de nulle part, et y a vécu en reclus, isolé et protégé du monde extérieur, et en particulier de son propre peuple, par la distance, des champs de mines, des kilomètres de barbelés, et des milliers de soldats armés jusqu’aux dents.

Ce mode de vie, et ces conditions de vie très particulières, ont gravement altéré sa santé physique mais aussi - et comment pourrait-on en douter - son équilibre mental, avec des conséquences de plus en plus visibles et dramatiques sur la conduite de la guerre, qu’il veut désormais mener selon sa seule et unique volonté, tant il est à présent convaincu autant de sa propre clairvoyance militaire que du complet aveuglement des généraux qui l’entourent et ne songent qu’à le trahir et passer outre à ses ordres.

"Au début de septembre, après une violente dispute avec Jodl, Hitler était déterminé à ce que ses ordres ne soient plus jamais contestés ou détournés lors des réunions. À l'avenir, toutes les réunions d'information auraient désormais lieu dans son baraquement. Une équipe de sténographes du Reichstag fut immédiatement transportée de Berlin à Vinnytsia afin d’enregistrer chaque mot prononcé pendant les réunions.

L'atmosphère de ces réunions était pour le moins inconfortable. Personne n’osait entamer la conversation, et se contentait d’attendre anxieusement. Hitler regardait rarement l'un de ses officiers d'état-major dans les yeux, et ne leur serrait pas la main (…) Sous la direction de Martin Bormann, les sténographes enregistraient les discussions lors de ces réunions. Leurs compte-rendus pouvaient représenter jusqu'à 500 pages en une seule journée. Chaque page était ensuite méticuleusement vérifiée par les aides-de-camp d'Hitler, puis classée au secret" (1)


(1) Baxter, op cit

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