6083 - "à la condition d’être traité gentiment, un putois ne vous pissera pas dessus… du moins pas aussi souvent"

Clark, décoré par le Président Roosevelt, décembre 1943

… cet avancement météorique, et au demeurant nullement justifié par de quelconques faits d’armes sur le terrain, lui a évidemment valu les critiques de bon nombre d’officiers plus anciens que lui dans le service, et notamment… de George Patton qui, bien que plus de dix ans son aîné, et malgré un palmarès opérationnel autrement plus étoffé que le sien, n’a quant à lui obtenu sa troisième étoile qu’en mars 1943, soit quatre mois plus tard que Clark !

En privé, Blood-and-Guts ne se prive d’ailleurs pas de critiquer son cadet, aussi lisse et impersonnel qu’il est lui-même bouillant et charismatique : parlant de Clark, il a ainsi écrit dans son journal "qu’à la condition d’être traité gentiment, un putois ne vous pissera pas dessus… du moins pas aussi souvent" (!), ce qui, chacun en conviendra, n'est pas le signe d'une bien haute estime...

Il faut dire qu'en dehors des inévitables différences de caractère et de personnalité entre les deux hommes, Clark n'est pas un homme de terrain, mais plutôt un besogneux officier d'État-major qui, depuis 1917, a fait la quasi-totalité de sa carrière dans la logistique et l'entraînement des troupes, et qui ne doit ses récentes - mais ô combien spectaculaires ! - promotions qu'à son entregent et à des qualités d'organisateur que personne ne lui conteste.

Mais paradoxalement, son principal handicap du moment réside surtout dans sa... jeunesse : dans ce petit monde très fermé des officiers supérieurs d'active, l'intéressé fait en effet figure de parvenu, et est du reste le premier à reconnaître qu’il éprouve d'énormes difficultés à commander, motiver et, au besoin, sanctionner, des hommes à l'âge et à l'ancienneté souvent largement supérieurs aux siens, et dont il a parfois été le subordonné à l'un ou l'autre moment de sa carrière.

Dans quelques jours, le Débarquement de Salerne va d'ailleurs le démontrer...