5459 - ... et vu de Nouméa

Robert Ghormley, en 1942

... sur le papier, et vu de Nouméa, c'était pourtant tout simple : sous la direction du vice-amiral Robert Ghormley, une force amphibie, menée par le contre-amiral Richmond Turner, et soutenue par les porte-avions du vice-amiral Frank Fletcher, devait débarquer puis ravitailler la 1ère division de Marines du général Alexander Vandergrift, qui se chargerait de conquérir Guadalcanal.

Mais le problème, c'est qu'à peine parvenu devant l'île, Fletcher s'est retrouvé tiraillé entre ses instructions qui lui ordonnent d'appuyer Turner et Vandergrift,... et celles qui lui enjoignent de ne pas exposer les précieux porte-avions de la Navy.

Faute de pouvoir en appeler à Ghormley, qui à Nouméa ne décide rien et ne contrôle pas grand-chose, Fletcher, toujours extrêmement prudent, a bientôt pris le large, estimant que la sécurité de ses porte-avions primait toute autre considération.

Privé de toute protection aéronavale, et matraqué par les croiseur japonais devant l'île Savo,Turner n'a alors eu d'autre choix que de lever l'ancre à son tour, privant ainsi les Marines de Vandergrift d'une bonne partie de leur approvisionnement.

Livrés à eux-mêmes, régulièrement pilonnés par les bombes et obus de l'Aviation et de la Marine japonaise, et victimes autant de l'ennemi que de la malaria ou de la dengue, les dits Marines n'ont pas tardé à vivre un véritable enfer, et un enfer dont personne ne sait apparemment comment s'extirper : Fletcher et Turner ne cessant en effet de se rejeter la responsabilité des insuccès de Vandergrift, et Ghormley s'avérant aussi incapable de départager les uns et les autres que peu désireux de se rendre à Guadalcanal pour essayer au moins, par sa seule présence, de rassurer les troupes et de leur montrer qu'il se soucie de leur sort.

En réalité, la seule chose que fait Ghormley à Nouméa, c'est réclamer sans cesse des renforts dont il sait que Nimitz ne dispose pas et serait de toute manière bien incapable de lui faire parvenir…