lundi 13 novembre 2017

5375 - excès d'embonpoint

L'Iowa, dans le Canal de Panama. Il reste 20cm de part et d'autre...
... en 1934, aussitôt après avoir annoncé leur intention de se soustraire aux traités de limitation des armements, les responsables japonais demandent en effet à la Direction des Constructions navales de réfléchir aux caractéristiques que devraient nécessairement posséder leurs nouveaux cuirassés en vue d'un affrontement, de plus en plus probable, avec l'US Navy.

Très vite, celle-ci en arrive à la conclusion que les Américains disposent, avec le Canal de Panama (1), d'un atout capital, qui leur permet, au gré des besoins, de faire passer très rapidement leurs 18 cuirassés d'un océan à l'autre.

S'en prendre au Canal lui-même paraissant impossible (2), les ingénieurs estiment alors - avec raison - qu'à la condition de jauger au moins 60 000 tonnes, tout rival américain potentiel sera nécessairement... trop gros pour franchir les écluses (3)

Et comme les militaires nippons exigent d'autre part de disposer de canons d'une puissance et d'un calibre encore jamais vus, il est dores et déjà évident que leurs nouveaux cuirassés vont dépasser - et de très loin - tout ce que le monde a connu jusqu'ici...

La route des Yamato et Musashi, de leurs 70 000 tonnes et de leurs canons de 460mm, est désormais ouverte...

(1) le Canal de Panama a été inauguré juste avant la 1ère G.M.
(2) durant la guerre, les Japonais imagineront cependant divers plans - jamais menés à bien - pour bombarder les écluses du Canal au moyen d'hydravions amenés sur place par des sous-marins géants
(3) plus gros cuirassés américains jamais construits, les 52 000 tonnes de la classe Iowa, mis en service à partir de 1943, auront une largeur maximale de 33 mètres, ce qui leur laissera environ... 20cm de part et d'autre pour franchir les écluses du Canal, d'une largeur de 33,53 mètres. Leurs successeurs de la classe Montana, commandés mais jamais construits, auraient fait 10 000 tonnes de plus en déplacement, et quatre mètres de plus en largeur, ce qui les aurait effectivement empêché d'emprunter le dit Canal !

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour...excellent exposé du dilemne des amiraux japonais qui explique mieux le délire des grandeurs que fut la mise en chantier du Yamato et du Musashi..
J'ai l'impression que les japonais étaient prisonniers de schémas stratégiques issus de leurs victoires de 1904 où le david japonais avait battu le Goliath russe.
En 1904 La flotte russe était pléthorique maois divisée en trois tronçons: La flotte de mer noire face aux ottomans (bloquée derrière les détroits des dardanelles et du bosphore et contrainte d'y rester en vertu de traités internationaux qur lesquels la perfide Albion veillait jalousement) la flotte de la la baltique (qui entreprendra le long chemin du sacrifice pour tenter de délivrer Port arthur) et l'escadre du pacifique, elle même divisée entre Vladivostok et Port arthur. C'est cette division qui avait rendu possible cette victoire des orientaux (à bien des égards beaucoup plus "civilisés" et "avancés" techniquement que les russes) sur l'"homme blanc".
Face aux USA les japonais voulaient sans doute rééditer le même coup avec les mêmes moyens,attaque surprise et division des forces ennemies, mais la présence du canal de Panama leur posait problème...
Il leur aurait été sans doute possible de détruire les écluses en temps de paix avec des cargos piégés et bourrés d'explosifs (à la façon des anglais lors du raid sur la cale sèche "Normandie-Joubert"de Saint Nazaire) ou avec des torpilles pilotées (style Maîali italiennes crachées par le vieux pétrolier olterra, navire piège échoué à Algésiras en face de Gibraltar)....mais il aurait fallu se coordonner très finement avec l'attaque de Pearl Harbour (en temps de guerre , un cargo japonais n'aurait pas pu s'approcher de Panama à moinsde mille milles)....et toute ruse de pavillon aurait été vite éventée, sauf à trouver un ou plusieurs équipage(s) de japonais présentant un type physique occidental...ce qui était plus difficile que de construire un cuirassé de 70 000 tonnes.