mercredi 18 octobre 2017

5349 - the real thing

L'Audacious : une simple mine causa la perte de ce cuirassé de 25 000 tonnes
  mais "the real thing", la véritable guerre, se joue évidemment à des milliers de kilomètres des côtes mexicaines, et plus précisément en Europe, où l'assassinat de l'Archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, le 28 juin, va rapidement mener, par le jeu des diverses alliances, à une nouvelle et gigantesque conflagration.

Pour son volet naval - le seul qui nous intéresse ici - la dite guerre commence d'ailleurs bien mal  pour les cuirassés, ces monstres sacrés pourtant unanimement considérés, de part et d'autre de l'Atlantique, comme les nouvelles armes absolues de la guerre sur mer.

Si la perte des vieux croiseurs-cuirassés Aboukir, Cressy et Hogue, victimes, le 22 septembre, en Mer du Nord, du même sous-marin allemand (!) peut encore passer pour un regrettable mais simple incident de parcours (1), celle de l'Audacious, le 27 octobre, est autrement plus sérieuse puisque ce dreadnought de 25 000 tonnes pourtant récent - il a été mis en service à peine un an auparavant - a en effet sombré corps et biens au large de l'Irlande après avoir frappé une simple mine !

Dans les mois à venir, les mines et les torpilles vont d'ailleurs faire des ravages dans les rangs des mastodontes cuirassés qu'on avait pourtant, et fort naïvement, cru à l'abri de ces armes aussi primitives que ridiculement bon marché : jusqu'à l'Armistice du 11 novembre 1918, les Britanniques, pour ne parler que d'eux, vont ainsi perdre trois cuirassés du fait des mines, huit autres à cause des torpilles,… et seulement trois, par ailleurs des croiseurs de bataille, lors de combats avec leurs homologues cuirassés !

Si on y ajoute les tragiques explosions internes, malheureusement fréquentes sur ces navires littéralement bourrés de poudre et de munitions (2), on se rend compte que ces armes supposément "absolues" font en réalité preuve d'une bien inquiétante fragilité…

… qui n'est rien en regard de leur manque total d'utilité guerrière…

(1) le 22 septembre, après avoir réussi à torpiller l'Aboukir, le sous-marin U-9 a en effet réussi à en faire de même sur ses jumeaux Hogue et Cressy, qui s'étaient imprudemment  arrêtés pour ui porter assistance.
(2) les Britanniques, pour ne parler que deux, perdront ainsi les cuirassés Bulwark et Vanguard

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour...félicitations pour votre blog.
Il est de bon ton de railler l'imbécilité et l'aveuglement des officier de marine anglais par rapport à la menace des torpilles et des sous-marins mais il faut remarquer aussi que l'excès inverse (tout miser sur les torpilleurs et les sous-marins, come l'a fait l'amiral Aube, le théoricien français de la "Jeune école") était tout aussi stupide.
Les anglais détestaient l'arme sous marine (Unfair, Underhand and damned Un-English cad déloyale mesquine et contraire à la tradition britannique) mais ils ont bien dû s'y mettre (Cf la prudente manoeuvre de Jellicoe au Jutland face aux torpilleurs allemands....qui l'a privé d'un succès écrasant sur la Hoch See Flotte de Scheer).

Pour ce qui est des pachas de l'Aboukir et du Crécy, ils ont un semblant d'excuse: Le torpillage d'un navire de guerre en marche et en mer par un sous-marin était une grande première (le torpillage de la corvette USS Housatonic par le sous marin Davidley durant la Guerre de sécession avait été réalisé à l'ancre , par une torpille sur tangon ...et avait d'ailleurs entrainé le sous-marin et ses sept courageux kamikazes sudistes au royaume de Neptune, bloqués dans l'épave par l'invraisemblable manivelle de propulsion...manuelle).