L'Audacious : une simple mine causa la perte de ce cuirassé de 25 000 tonnes |
… mais "the
real thing", la véritable guerre, se joue évidemment à des milliers
de kilomètres des côtes mexicaines, et plus précisément en Europe, où l'assassinat de l'Archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, le 28 juin, va rapidement mener, par
le jeu des diverses alliances, à une nouvelle et gigantesque conflagration.
Pour son
volet naval - le seul qui nous intéresse ici - la dite guerre commence
d'ailleurs bien mal pour les cuirassés,
ces monstres sacrés pourtant unanimement considérés, de part et d'autre de
l'Atlantique, comme les nouvelles armes absolues de la guerre sur mer.
Si la
perte des vieux croiseurs-cuirassés Aboukir,
Cressy et Hogue, victimes, le 22
septembre, en Mer du Nord, du même
sous-marin allemand (!) peut encore passer pour un regrettable mais simple
incident de parcours (1), celle de l'Audacious,
le 27 octobre, est autrement plus sérieuse puisque ce dreadnought de 25 000 tonnes pourtant récent - il a été mis en
service à peine un an auparavant - a en effet sombré corps et biens au large de
l'Irlande après avoir frappé une simple
mine !
Dans les
mois à venir, les mines et les torpilles vont d'ailleurs faire des ravages dans
les rangs des mastodontes cuirassés qu'on avait pourtant, et fort naïvement,
cru à l'abri de ces armes aussi primitives que ridiculement bon marché :
jusqu'à l'Armistice du 11 novembre 1918, les Britanniques, pour ne parler que
d'eux, vont ainsi perdre trois cuirassés du fait des mines, huit autres à cause
des torpilles,… et seulement trois, par ailleurs des croiseurs de bataille,
lors de combats avec leurs homologues cuirassés !
Si on y
ajoute les tragiques explosions internes, malheureusement fréquentes sur ces
navires littéralement bourrés de poudre et de munitions (2), on se rend compte
que ces armes supposément "absolues" font en réalité preuve d'une
bien inquiétante fragilité…
… qui
n'est rien en regard de leur manque total d'utilité guerrière…
(1) le 22 septembre, après avoir réussi à torpiller
l'Aboukir, le sous-marin U-9 a en effet réussi à en faire de même sur ses
jumeaux Hogue et Cressy, qui s'étaient imprudemment arrêtés pour ui porter assistance.
(2) les Britanniques, pour ne parler que deux,
perdront ainsi les cuirassés Bulwark et Vanguard
1 commentaire:
Bonjour...félicitations pour votre blog.
Il est de bon ton de railler l'imbécilité et l'aveuglement des officier de marine anglais par rapport à la menace des torpilles et des sous-marins mais il faut remarquer aussi que l'excès inverse (tout miser sur les torpilleurs et les sous-marins, come l'a fait l'amiral Aube, le théoricien français de la "Jeune école") était tout aussi stupide.
Les anglais détestaient l'arme sous marine (Unfair, Underhand and damned Un-English cad déloyale mesquine et contraire à la tradition britannique) mais ils ont bien dû s'y mettre (Cf la prudente manoeuvre de Jellicoe au Jutland face aux torpilleurs allemands....qui l'a privé d'un succès écrasant sur la Hoch See Flotte de Scheer).
Pour ce qui est des pachas de l'Aboukir et du Crécy, ils ont un semblant d'excuse: Le torpillage d'un navire de guerre en marche et en mer par un sous-marin était une grande première (le torpillage de la corvette USS Housatonic par le sous marin Davidley durant la Guerre de sécession avait été réalisé à l'ancre , par une torpille sur tangon ...et avait d'ailleurs entrainé le sous-marin et ses sept courageux kamikazes sudistes au royaume de Neptune, bloqués dans l'épave par l'invraisemblable manivelle de propulsion...manuelle).
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