vendredi 3 février 2017

5092 - comme un château de cartes

"Le Front de l'Est est comme un château de cartes !", Heinz Guderian, 9 janvier 1945
… bien qu’éconduit, Guderian ne s’est pas découragé, rencontrant à nouveau le Führer à deux reprises dans les jours suivants, et le suppliant à chaque fois de renvoyer immédiatement à l’Est les soldats engagés à l’Ouest.

Mais Hitler est demeuré inflexible : pire encore, sans en avertir le malheureux général, il a même ordonné que des unités blindées stationnées sur la Vistule soient expédiées en Hongrie afin d'y soutenir une (très)  hypothétique contre-offensive jusque Budapest, encerclée depuis Noël !

Pourtant, à l'Est, sur un front s'étendant de la Baltique à l'Adriatique, l’Armée rouge a rassemblé  près de 7 millions de soldats, soit... deux fois plus que l'armée allemande n'en avait elle-même aligné quatre ans auparavant pour envahir l’URSS,… et dix fois plus que ce qu'elle est encore capable d'aligner aujourd'hui !

Le 9 janvier 1945, après une brève tournée d'inspection sur le front, Guderian est retourné au Berghof. Mais lorsqu’il a révélé au Führer que, selon les dernières reconnaissances aériennes, les Soviétiques avaient massé  près de 8 000 (!) avions de combat sur la Vistule et en Prusse orientale, il a été aussitôt interrompu par un Hermann Goering qui, dans la désastreuse Opération  Bodenplatte, vient justement de sacrifier le peu qui restait de sa Luftwaffe

"Ne croyez pas cela, Mein Führer", s'est-il exclamé. "Ce ne sont pas de vrais avions. Ce sont simplement des leurres !"

Sautant sur l’occasion, Hitler a surenchéri, déclarant que les estimations des services de renseignement étaient "complètement aberrantes" et que l'homme qui les avait rédigées "devrait immédiatement être enfermé dans un asile d'aliénés".

Et alors que Guderian, complètement écœuré, s'apprêtait à quitter la place Hitler, comme pour l’apaiser, l’a pris à part et l’a personnellement remercié pour ses efforts grâce auxquels, lui a-t-il dit, "le Front de l'Est n'avait jamais encore possédé d'aussi puissantes réserves"

"Le Front de l'Est", a rétorqué Guderian, "est comme un château de cartes. S'il vient à être rompu en un seul endroit, tout le reste s'effondrera"

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