mardi 15 novembre 2016

5012 - à la recherche d'un chef

le major-général Henning von Tresckow
... le 20 septembre 1939, le grand journaliste américain William Shirer, alors en poste à Berlin, avait écrit : "Je n'arrive toujours pas à rencontrer un Allemand, même parmi ceux qui n'aiment pas le régime, qui trouve quelque chose à redire dans la destruction de la Pologne par les Allemands (...) Tant que les Allemands triompheront et n'auront pas trop à se serrer la ceinture, ce ne sera pas une guerre impopulaire" (1)

Et de fait, tant que l'Allemagne gagnait ses guerres, et tant que celles-ci ne lui coûtaient pas trop cher en vies humaines, c-à-d en gros jusqu'à Stalingrad, l'opposition nationale à Hitler s'était limitée à quelques individualités qui, à l'instar du menuisier Georg Elser, n'étaient pas forcément issues des forces armées.

Au sein de l'Armée, justement, les rares qui, à l'image de Henning von Tresckow (2) conspiraient contre Hitler estimaient, non sans raison, que seul "un désastre spectaculaire pourrait provoquer une réaction salutaire", mais seulement si, dans le même temps, la conspiration pouvait mettre la main sur "un chef largement respecté et prêt à tenir tête à Hitler" (3)

En ce début de 1943, le désastre est bel et bien là, mais le "chef" apte à remplacer Hitler tarde toujours à se manifester !

Il faut dire que pour les conspirateurs eux-mêmes, seul un militaire de haut rang, un authentique héros de guerre, mais aussi un conservateur et un patriote convaincu, est en mesure de tenir ce rôle, ce qui, à l’évidence, limite fortement le nombre de candidats possibles…

(1) Kershaw, op cit, page 371
(2) un des principaux instigateurs de l'attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler
(3) ibid, page 370

Aucun commentaire: