samedi 12 novembre 2016

5009 - "liquider physiquement de 50 000 à 100 000 officiers allemands"

Staline, à Téhéran :"liquider physiquement de 50 000 à 100 000 officiers allemands"
… soixante-dix ans plus tard, on continue de s’interroger sur la pertinence de cette "Capitulation sans condition", et de se demander dans quelle mesure celle-ci n’a pas contraint l’Allemagne et le Japon à poursuivre inutilement la lutte durant des mois, et donc à accroître dramatiquement le nombre de morts avant la conclusion - malgré tout inéluctable - du conflit

Et l'interrogation est d'autant plus légitime que dans les mois suivants, la déclaration finale de la Conférence de Casablanca va elle-même être suivie de nombreux signes encore plus menaçants quant au sort que les futurs vainqueurs entendent réserver aux futurs vaincus

Ainsi, à la Conférence de Téhéran, en novembre 1943, Staline va par exemple proclamer devant Churchill son intention de "liquider physiquement de 50 000 à 100 000 officiers allemands" dès la fin des hostilités.

"Churchill s'empourpra aussitôt. "Je préférerais, s'exclama-t-il, qu'on m'emmène immédiatement dans le jardin et qu'on me fusille plutôt que de me soumettre moi-même et mon pays à une telle infamie !". Sur un ton badin, Roosevelt proposa alors de ramener le nombre d'officiers allemands à exécuter à "seulement 49 000"" (1). 

Dans une communication d’avril 1944 adressée au Foreign Office, Churchill relève également que "(...) comme je l'ai souligné, les termes [de la reddition allemande] ne sont pas de nature à les rassurer [les Allemands] si on les examine en détails. A Téhéran, aussi bien le Président Roosevelt que le Maréchal Staline ont proposé de démembrer l'Allemagne en morceaux plus petits que ceux que j'avais en tête. Staline a parlé de vastes exécutions de plus de 50 000 officiers et cadres de l'État-major 

(...) Il a déclaré qu'il réclamerait 4 000 000 de travailleurs allemands pour une durée indéterminée afin de reconstruire la Russie. Nous avons [d’autre part] promis aux Polonais qu'ils obtiendraient des compensations [territoriales] en Prusse orientale et, s'ils le désirent, jusqu'à l'Oder. Il y a également de nombreux points impliquant la ruine [économique] de l'Allemagne et la mise en place pour une durée indéterminée de mesures destinées à l'empêcher de redevenir une puissance militaire" (2) 

(1) cité notamment par John Irving, "Nuremberg, the last battle", page 33. Elliott Roosevelt, qui accompagnait son père, parle quant à lui de "49 500" 
(2) Irving, ibid, page 34

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