Expulser les Juifs des ghettos, mais pour les mettre où ? - Kutno, 1939 |
Mais dans cet immense panier de crabes qu'est le Troisième
Reich, Heydrich n'entend pas en rester là et, le même jour,
fait rafler plus d'un millier de Juifs de Stettin et les expédie manu
militari dans le Gouvernement général !
Frank proteste, Heydrich
s'obstine et, comme toujours, c'est à Hitler qu'on demande de trancher
en dernier ressort : le 12 mars, au grand déplaisir d'Heydrich, le Führer se
prononce alors en faveur de Frank !
"Hitler déclara que la question
juive était une question d'espace et qu'il n'en avait aucun à sa
disposition. Moins de deux semaines plus tard, le 24 mars, Goering
interdit officiellement toute nouvelle déportation dans le Gouvernement
général" (1)
En attendant de trouver, quelque part, un nouvel
"espace" dans lequel déporter les Juifs, ne reste donc plus, dans
l'immédiat, que la solution de les parquer où ils se trouvent, autrement
dit de créer de nouveaux ghettos.
Or, s'agissant des dits ghettos, ni
Hitler, ni Heydrich, ni Frank, ni à vrai dire aucun autre haut responsable
nazi, n'a la moindre idée de la manière dont on pourra concrètement les
créer, les surveiller ou les administrer !
"Le manque d'intérêt
d'Heydrich sur les détails d'implantation d'une telle politique
provenait en partie du fait que la ghettoïsation n'avait jamais été
conçue comme une solution permanente. C'était juste un prérequis pour
faciliter la future déportation des Juifs vers un territoire encore
indéterminé aux confins de la sphère d'influence allemande" (2)
(1) Gerwarth, op. cit., page 161. Début 1941, quelque 300 000 Polonais et Juifs avaient été déportés du Warthegau vers le Gouvernement général.Une cinquantaine de milliers d'autres allaient suivre jusqu'à la fin de 1942
(2) ibid, page 155
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