lundi 27 juin 2016

4871 - pas "d'espace"

Expulser les Juifs des ghettos, mais pour les mettre où ? - Kutno, 1939
... début février 1940, les incessantes protestations de Frank finissent par trouver une oreille attentive auprès de Goering, lequel arrache alors à Himmler la promesse formelle de ne plus déporter de nouveaux Juifs vers le Gouvernement général,... du moins sans l'autorisation expresse de Frank.

Mais dans cet immense panier de crabes qu'est le Troisième Reich, Heydrich n'entend pas en rester là et, le même jour, fait rafler plus d'un millier de Juifs de Stettin et les expédie manu militari dans le Gouvernement général !

Frank proteste, Heydrich s'obstine et, comme toujours, c'est à Hitler qu'on demande de trancher en dernier ressort : le 12 mars, au grand déplaisir d'Heydrich, le Führer se prononce alors en faveur de Frank !

"Hitler déclara que la question juive était une question d'espace et qu'il n'en avait aucun à sa disposition. Moins de deux semaines plus tard, le 24 mars, Goering interdit officiellement toute nouvelle déportation dans le Gouvernement général" (1)

En attendant de trouver, quelque part, un nouvel "espace" dans lequel déporter les Juifs, ne reste donc plus, dans l'immédiat, que la solution de les parquer où ils se trouvent, autrement dit de créer de  nouveaux ghettos.

Or, s'agissant des dits ghettos, ni Hitler, ni Heydrich, ni Frank, ni à vrai dire aucun autre haut responsable nazi, n'a la moindre idée de la manière dont on pourra concrètement les créer, les surveiller ou les administrer !

"Le manque d'intérêt d'Heydrich sur les détails d'implantation d'une telle politique provenait en partie du fait que la ghettoïsation n'avait jamais été conçue comme une solution permanente. C'était juste un prérequis pour faciliter la future déportation des Juifs vers un territoire encore indéterminé aux confins de la sphère d'influence allemande" (2)

(1) Gerwarth, op. cit., page 161. Début 1941, quelque 300 000 Polonais et Juifs avaient été déportés du Warthegau vers le Gouvernement général.Une cinquantaine de milliers d'autres allaient suivre jusqu'à la fin de 1942
(2) ibid, page 155

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