jeudi 31 mars 2016

4783 - "dans un état voisin de l'hystérie"

27 février 1933 : le Reichstag est en flammes. Hitler va en profiter
... Berlin, 28 février 1933

 A côté du Reichstag en flammes, l'anarchie règne en maître.  

(...) "Lorsque Rudolf Diels, plus tard premier chef de la Gestapo prussienne, voulut informer Hitler de l'interrogatoire de Van der Lubbe, il trouva le Chancelier du Reich dans un état voisin de l'hystérie. Il essaya de lui expliquer que l'incendie était l'oeuvre d'un "détraqué", mais Hitler lui coupa brutalement la parole, hurlant que c'était un coup préparé de longue date. Il fallait pendre les députés communistes séance tenante, affirma-t-il d'un ton rageur. Il fallait être aussi impitoyable envers les socio-démocrates et le Reichsbanner.   

(...) Si bon acteur fut-il, Hitler ne simulait pas. Il n'était pas non plus assez maître de ses nerfs pour lui donner des ordres clairs. C'est Goering qui inonda Diels d'un flot anarchique d'instructions, ordonnant la mise en état d'alerte maximale de la police, l'emploi sans restriction des armes à feu, et l'arrestation massive des communistes et des socio-démocrates. A en croire Diels, on se serait cru dans un asile d'aliénés" (1)

Dans les heures qui suivent, un décret d'urgence "pour la protection du peuple et de l'État" est rédigé en bonne et due forme, lequel suspend provisoirement  toutes les libertés fondamentales, dont la liberté d'expression et d'association, et permet l'arrestation - légale - des communistes,... y compris de ceux siégeant comme députés au Reichstag, ce qui, du coup, légitime la tenue de nouvelles élections, lesquelles, tenues à peine une semaine plus tard, propulsent cette fois le NSDAP à 44% des suffrages (!), et constituent pour Hitler un véritable plébiscite légitimant a posteriori sa politique et ses actions... 

 (1) Kershaw, op cit, page 651

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