vendredi 2 octobre 2015

4582 - le blues du lagon

... Guadalcanal, 9 février 1943

Le 9 février 1943, après six mois de féroces combats de jungle, Guadalcanal est enfin déclarée "Japs Free", "débarrassée des Japs", au grand soulagement des Américains qui, dans cette affaire, ont perdu plus de 7 000 hommes et ne retirent qu'une amère consolation dans le fait d'avoir tué quatre à cinq fois plus de Japonais.

Pourtant c'est là, dans ces statistiques d'attrition, que réside la clé de la Campagne du Pacifique : l'Amérique est deux fois plus peuplée que le Japon, et surtout dix fois plus puissante industriellement, en sorte qu'elle est en mesure de remplacer non seulement les hommes, mais surtout les navires et les avions, bien plus rapidement que son adversaire.

Cet adversaire, justement, est à présent sur la défensive,... à l'exacte image du super-cuirassé Yamato qui n'a toujours pas participé au moindre combat et qui, plus de cinq mois après son arrivée à Truk, continue de se morfondre dans le lagon !

Il s'y trouve certes à l'abri des torpilles et des bombes américaines, et son immobilisme a sans doute permis d'économiser de nombreuses tonnes de carburant au profit des petits destroyers du "Tokyo Express" qui ne cessent de faire la navette entre les îles pour en ravitailler les garnisons.

Car c'est tout le paradoxe de cette guerre : les Japonais ont mis la main sur d'immenses richesses, et en particulier sur le pétrole d'Indonésie, mais ne possèdent pas assez de cargos ni assez de pétroliers pour les transporter, et ne cessent par ailleurs de voir ceux dont ils disposent disparaître les uns après les autres sous les torpilles des sous-marins américains qui, de 1942 à 1945, vont envoyer par le fond plus de 4 millions de tonnes de navires, soit 2 106 des 2 337 navires de commerce nippons repris au Lloyd's Register de 1939 !

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