dimanche 28 septembre 2014

4223 - à qui profite le crime...

... ayant rétabli sa crédibilité auprès des Alliés grâce à l’attentat contre Reinhard Heydrich et - il faut bien le dire - grâce à la sanglante répression qui lui avait fait suite, Edvard Beneš retrouvera son poste de Président de la République tchécoslovaque le 28 octobre 1945

Mais avant cela, il aura eu le temps de promulguer les infâmes "Décrets Beneš" - dont nous reparlerons un jour - qui, avec l’assentiment des grandes puissances, et particulièrement de la Grande-Bretagne, se traduiront par une véritable épuration ethnique de la Tchécoslovaquie : chassés de chez eux manu militari, plus de deux millions de germanophones des Sudètes, dont beaucoup périront en route, n’auront d’autre choix que de s’exiler en Allemagne de l’Ouest.

Beneš ne profitera cependant pas longtemps de sa Présidence recouvrée : en mauvaise santé, et ayant gravement sous-estimé la puissance du Parti Communiste Tchèque, ainsi que la volonté de Staline de faire passer la Tchécoslovaquie sous contrôle soviétique, il sera contraint à la démission le 7 juin 1948, et mourra le 3 septembre suivant.

Responsable du Renseignement au sein du gouvernement tchèque en exil, et principal instigateur de l’Opération Anthropoïd, František Moravec quittera lui aussi le confort de son exil londonien pour retourner en Tchécoslovaquie après la Capitulation allemande.

En 1948, après la prise de pouvoir par les communistes, et la démission forcée de Beneš, il jugera néanmoins plus sage de s’éclipser discrètement et de s’installer aux États-Unis, où cet éternel homme de l’ombre travaillera pour le Département de la Défense jusqu’à sa mort, le 26 juillet 1966.

Beneš et Moravec considéreront toujours l’assassinat d’Heydrich comme un grand succès - il n’est pas sûr que la population tchèque aurait exprimé la même opinion si quelqu’un avait eu l’idée de l’interroger par sondage…

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