… le 28 mai 1942, Beneš, euphorique, avait chaudement félicité Alfréd Bartoš pour la réussite d’une mission - l’attentat contre Heydrich - à laquelle ce dernier n’avait pourtant pas participé, et contre laquelle il s’était pourtant violemment opposé à plusieurs reprises, en même temps que tous les responsables locaux de l’UVOD, et ce par crainte des représailles sur la population civile.
Heydrich mort, les plus sombres prédictions de Bartoš - à commencer par le massacre de Lidice - se sont réalisées, mais Beneš n’a rien perdu de son enthousiasme, que du contraire !
"Ce que les Allemands font est horrible", câble-t-il à Prague, mais, s’empresse-t-il d’ajouter, "d’un point de vue politique, cela nous offre une garantie : en aucune circonstance, plus personne ne pourra douter de l’intégrité nationale de la Tchécoslovaquie et de son droit à l’indépendance". (1)
Il est vrai que "d’un point de vue politique", la mort d’Heydrich se révèle payante : dans le monde entier, chacun est désormais capable de situer la Tchécoslovaquie sur une carte, et à Londres, le Ministre des Affaires étrangères Anthony Eden assure désormais le Président du total soutien de la Grande-Bretagne ainsi que de son engagement non seulement à révoquer les Accords de Munich de septembre 1938 - qui curieusement n’ont jamais été officiellement dénoncés (2) - mais aussi, et surtout, à résoudre "une fois pour toutes", le "problème de la diversité ethnique" dans la Tchécoslovaquie reconstituée de l’après-guerre.
Et de fait, après la chute du Troisième Reich, les quelque deux millions de germanophones des Sudètes seront tout bonnement expulsés de leurs maisons et villages, et chassés manu militari - nous en reparlerons dans une autre chronique - vers l’Allemagne de l’Ouest sans que Londres ou aucune puissance occidentale ne trouve à y redire.
Mais ceci est une autre histoire…
(1) Gerwarth, op cit, page 283
(2) ils le seront le 5 août 1942

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