mardi 19 août 2014

4183 - "la disparition d'Heydrich serait désastreuse"

... Londres, 28 mai 1942 

A Prague, le sort ultime d'Heydrich, comme celui de de Kubiš et Gabčík, est toujours incertain, mais à Londres, Edvard Beneš, lui, a déjà toutes les raisons de se réjouir : même si le premier venait finalement à survivre à ses blessures, et les deux autres à tomber aux mains de la Gestapo, l'attentat n'en constituerait pas moins une spectaculaire réussite pour son gouvernement en exil.

L'euphorie pousse d'ailleurs le Président tchèque à adresser aussitôt ses félicitations à Alfréd Bartoš... soit à celui-là même qui, il y a quelques jours encore, le suppliait au nom de l'UVOD et de la Résistance tchèque d'annuler toute l'opération !

"Je constate", lui déclare-t-il par radio, "que vous et vos camarades êtes remplis de détermination. Pour moi, c'est la preuve que la nation tchèque toute entière est inébranlable dans sa position" [envers l'Occupant allemand]. 

"Je vous assure", ajoute-t-il, "que cela porte fruits", attendu qu'à Londres, et parmi les Alliés, "Les événements ont eu un effet incroyable" (1)

De fait, un rapport du renseignement militaire britannique relève que "si Heydrich ne devait pas survivre à l'attentat, ou s'il en restait marqué un long moment, cela constituerait une perte sérieuse pour le régime nazi" puisque, conclut-il, "on peut raisonnablement affirmer qu'Heydrich est avec Himmler l'âme de toute la machine de Terreur" (2)

Une opinion que partage d'ailleurs Joseph Goebbels qui, le 2 juin, souligne dans son journal que "la disparition d'Heydrich serait désastreuse"

(1) et (2) Gerwarth, op cit, page 13

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