dimanche 17 août 2014

4181 - "Les Tchèques doivent comprendre que s'ils abattent un homme, celui-ci sera aussitôt remplacé par quelqu'un d'encore pire"

... Berlin, 28 mai 1942

"Des nouvelles alarmantes nous arrivent de Prague", écrit le Ministre de la Propagande Joseph Goebbels le 28 mai. "Même s'il [Heydrich] n'est pour l'heure pas en danger de mort, sa condition n'en est pas moins préoccupante. (...) Nous devons tous bien comprendre que cette attaque pourrait créer un précédant si nous n'y réagissons pas de la manière la plus brutale"

Mais c'est bien de cette manière-là que le Führer entend réagir ! Dès l'annonce de l'attentat, Hitler a en effet ordonné au principal adjoint d'Heydrich, Karl Hermann Frank, d'exécuter pas moins de 10 000 Tchèques en représailles !

Consterné, Frank a aussitôt sauté dans le premier avion pour Berlin, non par souci du sort des civils tchèques mais tout bonnement... par crainte des effets d'une pareille exécution de masse sur la production industrielle du Protectorat !

Reçu par Hitler peu après, Frank plaide donc l'argument d'une rationalité économique que le Führer rechigne néanmoins à accepter.

"Hitler, cependant, était furieux et menaça d'envoyer à Prague le général SS Erich Von dem Bach-Zelewski, responsable de la lutte anti-partisans sur le Front de l'Est (1). Bach-Zelewski, insista Hitler, serait heureux de répandre une mer de sang sans le moindre scrupule. "Les Tchèques doivent comprendre que s'ils abattent un homme, celui-ci sera aussitôt remplacé par quelqu'un d'encore pire"" (2)

(1) malgré ses innombrables crimes de guerre à l'Est, et son rôle déterminant dans l'écrasement de l'insurrection de Varsovie en 1944, Bach-Zelewski ne fut condamné que pour les meurtres de plusieurs dizaines d'opposants politiques allemands dans les années 1930. Il mourut à la prison de Munich en mars 1972.
(2) Gerwarth, op cit, page 11

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