vendredi 8 août 2014

4172 - prodigue du sang... des autres

... Reinhard Heydrich est un général de la SS, le grand-patron de toutes les forces policières et répressives d'Allemagne, le chef d'orchestre de la "Solution finale à la Question juive", le Reichsprotektor - autrement dit le bourreau - de Bohème-Moravie, ou encore le numéro trois ou quatre du régime nazi, ce qui, à chacun de ces points de vue, fait donc de lui un "objectif militaire" de premier plan.

Pourtant, ce ne sont pas ces raisons mais bien des "considérations de politique étrangère" - c-à-d la volonté de plaire aux Britanniques et de conserver une place honorable au sein des Nations alliées en lutte contre le nazisme - qui, pour Beneš, pour Moravec, et pour tout le gouvernement tchèque en exil, justifient de l'assassiner !

Même s'il devine le prix que vont devoir payer ses compatriotes restés au pays, Beneš n'enverra donc jamais l'ordre d'annulation que réclament pourtant les responsables locaux de la Résistance tchèque, une décision qui, analysée froidement, et a fortiori analysée des décennies après la fin d'un conflit mondial ayant causé la mort de plus de 50 millions de personnes, peut sans doute être considérée comme légitime.

Mais d'un autre côté, on ne peut pas non plus s'empêcher d'observer que ni Beneš, ni Moravec, ni aucun autre responsable tchèque exilé à Londres ne court le moindre risque de se voir arrêté puis torturé et finalement exécuté par la Gestapo, et qu'en cette affaire, chacun se montre donc fort prodigue du sang... des autres.

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