samedi 7 juin 2014

4110 - le paradoxe incarné

... 20 juillet 1941

Au sommet de la pyramide, et du paradoxe, Reinhard Heydrich lui-même, cet homme cultivé qui en est venu à considérer le meurtre de masse comme une simple "solution" à un banal "problème"; ce père qui adore ses propres enfants mais n'éprouve plus la moindre réticence à ordonner la mort des enfants des autres; ce "super-patron" d'un régime policier moderne qui s'épuise dans des championnats d'escrime et continue de rêver à la gloire des Chevaliers du Ciel...

Le 20 juillet, brûlant du désir de participer lui aussi aux combats, Heydrich s'enfuit de son bureau et, sans en aviser personne et surtout pas Himmler - qui s'y opposerait assurément - saute dans un avion de chasse, en l’occurrence un Messerschmitt 109, "emprunté" au général Ernst Udet (1) en échange de l'autorisation, pour ce dernier, de continuer à circuler de nuit dans Berlin, au volant de sa voiture personnelle !

Avec son 109, Heydrich rejoint Jampol (Ukraine) et le JG-77 avec lequel il a déjà volé en Norvège, deux ans auparavant. 

Et comme en 1939, l'État-major du JG-77 est bien embêté : que faire de cet homme qui, à 37 ans, est toujours un pilote de chasse débutant, et surtout un pilote dont chacun sait qu'il n'est là que pour quelques jours, soit le temps nécessaire à satisfaire sa propre soif d'aventure.

S'il n'en tenait qu'à eux, les responsables de la JG-77 le renverraient sine die comme passager à bord du premier avion en partance pour Berlin.

Mais allez donc refuser quelque chose à Reinhard Heydrich...

(1) grand patron du Reichsluftfahrtministerium c-à-d du Ministère de l'Air, Ernst Udet, malade et dépressif. se suicida le 17 novembre 1941

Aucun commentaire: