vendredi 30 mai 2014

4102 - l'extraordinaire banalisation du meurtre

... à Nuremberg, comme dans tous les procès qui s'ensuivront, les membres des Einsatzgruppen seront naturellement considérés comme des criminels de guerre en raison de l'ampleur de leurs exactions en URSS

Pour leur défense, ces hommes nieront ou minimiseront les faits, ou argueront qu'en bons soldats, ils se sont en réalité bornés à "exécuter les ordres reçus".

Mais en définitive, la véritable explication de leur comportement doit sans doute être cherchée ailleurs, à savoir dans l'invraisemblable idéologie des "sur-" et des "sous-" hommes inlassablement martelée pendant des années, ainsi que dans la banalisation progressive du meurtre qui, au printemps 1941, a amené non seulement Reinhard Heydrich et la SS, mais aussi la quasi-totalité de l'État-major et de la Wehrmacht, à ne plus raisonner qu'en "millions de morts"...

Car comment reprocher à un frustre caporal de l'Einzatsgruppe D d'avoir personnellement exécuté par balles quelques dizaines de femmes et d'enfants juifs alors que son chef, Otto Ohlendorf, pourtant brillant juriste et économiste, a coordonné l'assassinat de dizaines de milliers d'entre eux, et son chef à lui, Reinhard Heydrich, celui de centaines de milliers ?

Et comment en vouloir à Heydrich de préférer désormais le meurtre de masse à la "relocalisation" quand son supérieur à lui, Heinrich Himmler, ne voit aucun problème, et n'éprouve pas la moindre gène, à mentionner, le 11 juin 1941, lors d'une réunion au château de Wewelsburg, qu'il estime pour sa part à... trente millions (!) le nombre de personnes appelées à disparaître en URSS ?

Et comment en vouloir à celui-ci quand, au même moment, Adolf Hitler, souligne pour sa part "que nous devons gagner", et ce "que nous ayons ou tort",  parce que c'est "la seule voie", parce que celle-ci est "moralement juste et nécessaire" et enfin, et surtout, parce que "quand nous aurons gagné, qui nous demandera des comptes sur la méthode"...

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