Petit à petit, et sans qu'ils l'aient voulu, Reinhard Heydrich, les dirigeants nazis et, il faut bien le dire, la majorité des citoyens allemands en viennent donc à juger le meurtre de masse comme "acceptable", et bientôt comme la seule solution possible à un "problème" qu'ils ont eux-mêmes créé de toute pièce et qui ne cesse de s'aggraver à mesure que l'Allemagne - leur Allemagne, celle qu'ils chérissent tant et veulent voir "über alles", au-dessus de toutes les autres nations - multiplie ses conquêtes.
Aux Juifs allemands puis autrichiens sont en effet venus s'ajouter les Juifs tchécoslovaques, polonais, français, belges, hollandais,... et bientôt yougoslaves, hongrois, russes,... des millions et des millions de personnes auxquelles on peut encore ajouter les handicapés mentaux ou physiques, les Noirs, les Roms, et toutes ces autres races "inférieures" qui sont autant d'insultes à cette "perfection" aryenne si merveilleusement incarnée par Heydrich, son épouse et ses enfants...
Et où trouver - si ce n'est dans les fosses communes et les fours crématoires - un "espace" suffisamment vide et éloigné pour y reloger pareille multitude, dont la seule évocation provoque le dégoût ?
Pourtant, lorsqu'il rencontre Hermann Goering à Berlin, le 24 janvier 1941, pour lui présenter la première ébauche de sa "Solution finale au problème juif", Heydrich pense encore trouver, dans cette immense URSS qu'Hitler se prépare à envahir, ce fameux "espace" qui rendra l'holocauste inutile.
A condition bien sûr que l'Allemagne gagne la guerre...
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