jeudi 27 mars 2014

4038 - le grand procès qui n'eut jamais lieu

... mortellement blessé par plusieurs projectiles de 6.35mm, Ernst vom Rath décède dans l'après-midi du 9 novembre.

Estimant avoir vengé sa famille en "se payant" un Allemand "important" - même s'il ne s'agit en réalité que d'un modeste conseiller parfaitement inconnu - Herschel Grynszpan n'oppose aucune résistance aux gardes de l'ambassade, qui le remettent aussitôt aux mains de la police française.

A la prison de Fresnes, Grynszpan attend l'ouverture de son procès, qui s'annonce hautement politique mais qui ne viendra jamais : prises de court par la formidable accélération des événements internationaux, et bientôt par la guerre, les autorités françaises ont en effet bien d'autres soucis en tête...

Évacué de Fresnes, puis relâché dans la nature (!) lors de la débâcle de juin 1940, Grynszpan se constitue lui-même prisonnier à Toulouse, ce qui, le 18 juillet, lui vaut d'être livré aux émissaires de la Gestapo venus l'attendre à la Ligne de Démarcation (1)

Les autorités allemandes veulent un procès à grand spectacle mais, peut-être parce qu'elles recherchent une fois de plus les preuves d'un "complot", l'affaire traîne en longueur. Incarcéré dans l'intervalle au camp de Saschenhausen, Grynszpan, bien que Juif, Polonais et meurtrier d'un homme érigé au rang de martyr du Reich, bénéficie même d'un traitement de faveur.

En mai 1942, alors que le dit procès public est enfin sur le point de s'ouvrir, Grynszpan jette soudain un pavé dans la mare, en prétendant avoir entretenu des relations homosexuelles avec vom Rath, ce qui, selon toute vraisemblance, constitue un mensonge éhonté mais s'avère néanmoins suffisant pour faire capoter toute l'affaire : la Nouvelle Allemagne pudibonde et ultra-moralisatrice ne pouvant s'offrir un tel risque !

Devenu sans intérêt pour le Reich après cet esclandre, Grynszpan demeure néanmoins détenu en Allemagne, et disparaît de la mémoire des Hommes fin 1943, début 1944...

(1) conséquence de l'Armistice du 22 juin, la Ligne de Démarcation séparait la France soumise à l'Occupation allemande de la zone, dite "libre", régie par les autorités de Vichy

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