lundi 20 janvier 2014

3972 - définir le Juif

… eut-elle été fondée sur la religion, c-à-d si l'on s'était contenté de définir comme "Juif" tout "pratiquant du culte israélite", la distinction entre "Juif" et "non-Juif" n'aurait pas présenté de grandes difficultés.

Fondée sur la "race", cette distinction s'avérait en revanche bien plus complexe car,  à la différence des Juifs polonais et russes - dont Heydrich et la SS se chargeraient également... plus tard - les Juifs allemands s'étaient en effet largement fondus parmi la population.

Non contents d'habiter généralement dans les mêmes quartiers, et de s'habiller de la même manière que leurs compatriotes non-juifs, beaucoup de Juifs allemands avaient d'autre part "germanisé" leurs noms et prénoms.

Certains - comme le propre père de Karl Marx - s'étaient convertis au protestantisme ou au catholicisme, tandis que d'autres, bien que n'ayant pas officiellement abjuré, ne fréquentaient plus la synagogue, ne pratiquaient plus la religion juive, ou ne se reconnaissaient tout simplement plus comme "Juifs".

En dépit des affirmations d'antisémites rabiques comme Julius Streicher (1) et des caricatures régulièrement publiées dans la Presse ou reproduites en pamphlets et affiches, l'examen des "traits raciaux" - dont Himmler faisait lui-même grand usage - cet examen s'avérait rarement probant et risquait toujours de déboucher sur de regrettables méprises, c-à-d de classer un "Juif" comme "Aryen" ou, pire encore, de déclasser un "Aryen" en "Juif".

A cela s'ajoutaient les problèmes liés aux mariages mixtes, et surtout à leur descendance : un métis était-il d'abord Juif ou d'abord Allemand ?

On ne pouvait pas laisser aux simples citoyens, ou même à la SS, la liberté de s'en prendre librement à tous ceux qui "semblaient Juifs", ou "dont les voisins affirmaient qu'ils étaient Juifs" : il fallait à l'évidence une définition plus précise, que pourraient accepter les cours et tribunaux mais qui resterait malgré tout compréhensible pour le SS ordinaire ou le commun des mortels.

Les Lois de Nuremberg allaient s'en charger...

(1) propritétaire et éditorialiste du "Stürmer" et gauleiter de Franconie depuis 1925

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