... mais pour comprendre le rôle que joua la SS - et Heydrich lui-même - dans l'expulsion, puis ensuite la déportation et finalement l'élimination des Juifs, il importe à présent d'ouvrir une parenthèse afin de remonter aux sources-mêmes du "problème juif".Fondé sur la religion, l'ancien antisémitisme médiéval considérait le Juif comme un individu certes maléfique - et d'ailleurs souvent associé à Satan - mais qui demeurait néanmoins réformable puisque simplement égaré sur la voie d'une mauvaise religion, d'une mauvaise interprétation du message divin.
Fondé sur la "race", l'antisémitisme laïc et moderne de l'État-nation ne pouvait en revanche que le condamner à l'expulsion ou l'extermination : parce qu'il était désormais "racialement différent", le Juif était et resterait à jamais différent des Allemands; et là où un prêtre et le talent d'un bourreau pouvaient autrefois suffire à transformer en Chrétien jusqu'au Juif le plus convaincu, il fallait à présent d'énormes transfusions de "sang allemand" pour extirper jusqu'à la moindre trace de "judéité" du Juif le plus banal.
Dès février 1920, l'article 4 du programme politique du NSDAP avait déjà donné le ton, en soulignant que "seuls les membres de la Nation peuvent être citoyens de l'État. Seuls ceux qui sont de sang allemand, quelle que soit leur confession, peuvent être membres de la Nation. En conséquence, aucun Juif ne peut être membre de la Nation".
Toute la question était néanmoins de savoir comment on pouvait distinguer un "Juif" d'un "Allemand"...
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