samedi 4 janvier 2014

3956 - le règne de la délation

... contrairement à la légende - ô combien tenace - d'une Gestapo omniprésente, l'institution dont vient d'hériter Heydrich ne dispose pas, et ne disposera jamais, d'effectifs suffisants pour garantir à eux seuls la sécurité du régime en général, et celle du Führer en particulier.

Pour débusquer les communistes, les Juifs et en fait tous les autres "ennemis du peuple allemand", le flair de ces trop rares limiers ne servirait à rien sans l'encouragement à la délation, une délation que la "Loi sur les "comportements malveillants" du 21 mars 1933 a déjà considérablement encouragé.

Sous le règne d'Hitler, cette délation, le plus souvent courageusement anonyme et émanant de citoyen au-dessus de tout soupçon, cette délation va même pulvériser tous les records, au point qu'aujourd'hui, soit quasiment 70 ans après les faits, les archives allemandes, malgré tous les bombardements et incendies qui ont en détruit la plus grande partie, hébergent encore des centaines de caisses pleines de lettres de dénonciation !

Dans les archives de la seule Gestapo de Düsseldorf, on retrouvera ainsi, après guerre, quelque 72 000 dossiers de dénonciation,... sans compter les quelque 30 000 qui auraient disparu.

Dit autrement, chaque Allemand ou presque est le délateur d'un (et souvent de plusieurs) autre(s) allemand(s), ce qui,  toute considération morale mise mise à part, fait de la Gestapo une institution bien plus redoutée qu'elle n'est réellement redoutable, mais pose aussi d'énormes défis pratiques aux fonctionnaires de cette institution, ne serait-ce qu'en raison de la surabondance de dossiers à ouvrir et d'informations à gérer...

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