lundi 25 novembre 2013

3916 - et puis vint la Crise...

... s'il ne subsiste aucune trace des activités réelles du jeune Reinhard  au sein des Freikorps qui combattirent les communistes de 1919 à 1920, on peut raisonnablement affirmer que les dites activités furent en réalité minimales, pour ne pas dire symboliques.

Bien que glorifié pour d'évidentes raisons au cours des années les plus noires du nazisme, l'engagement de cet adolescent de 15 ans dans la "lutte contre le bolchevisme", cet engagement ne peut d'autre part s'interpréter comme une adhésion personnelle et précoce de l'intéressé à une sorte de "nazisme-d'avant-le-nazisme" : pour Reinhard, comme pour la plupart des jeunes-gens auxquels l'Armistice de novembre 1918 a épargné le passage sous les drapeaux, les Freikorps constituaient plutôt une manière romantique, et pas trop risquée, de poursuivre à domicile, et même de remporter, une guerre que leurs aînés - "trahis" ou non - avaient perdue dans les tranchées de France ou de Belgique.

S'engager chez les Freikorps plutôt que chez les Spartakistes (1) témoignait certes d'une personnalité plus attirée par l'extrême-droite que par l'extrême-gauche, mais le romantique Reinhard n'aurait jamais eu l'opportunité de devenir le terrifiant Heydrich si la situation économique d'après-guerre n'avait plus laissé aux Allemands que le choix entre la peste et le choléra : après avoir perdu deux millions de soldats et connu quatre millions de blessés durant le conflit (2), l'Allemagne, jugée seule responsable de la guerre, fut contrainte d'abandonner 13% de son territoire national, et de verser à ses vainqueurs des indemnités telles qu'elles ruinèrent le pays, précipitèrent des millions de citoyens au chômage et provoquèrent une telle hyper-inflation  qu'en 1923 le kilo de beurre allait se transiger pour la bagatelle de 13 000 Reichsmarks...

(1) fondée par Karl Liebknecht et Rosa Luxembours au début de la 1ère G.M., la ligue spartakiste donna naissance quatre ans plus tard au parti communiste allemand (KPD)
(2) en 1914, l'Allemagne comprenait environ 65 millions d'habitants

2 commentaires:

Frédéric a dit...

Sur la photo, c'est bien un char britannique ? Je pensais que la possession de blindés avait était interdite avec le traité de Versailles.

D'Iberville a dit...

C'est effectivement un char britannique, capturé lors de la 1ère G.M. et réutilisé puis conservé par l'adversaire après l'Armistice.
Cette pratique était très courante à l'époque, et l'est encore aujourd'hui