mardi 19 novembre 2013

3910 - véritable démon de l'Enfer ou alors banal fonctionnaire ?

... mais comment parler d'un homme aussi peu "ordinaire" que Reinhard Heydrich, responsable de l'arrestation, de la déportation, et finalement de la mort de millions d'êtres humains ?

L'approche la plus classique, et en tout cas celle qui vient le plus immédiatement à l'esprit, est celle de la démonisation

Seule approche autorisée dans les années d'après-guerre, et encore très populaire aujourd'hui, la démonisation consiste tout bonnement à considérer Heydrich et tant d'autres bourreaux du Troisième Reich comme de véritables entités diaboliques, quasiment sorties des Enfers, et à ce point terrifiantes et perverses qu'on ne pourrait même pas les qualifier de sociopathes tant elles semblent en vérité étrangères au genre humain lui-même.

Rassurante pour l'esprit, cette approche fut d'autre part largement mise en avant par les subordonnés d'Heydrich, comme Otto Ohlendorf ou Adolf Eichmann, qui, lors de leurs procès respectifs - nous y reviendrons - et pour sauver leur propre peau, s'empressèrent de présenter leur défunt patron comme un individu dépourvu de tout sentiment humain et si dangereux que nul - et certainement pas eux ! - n'aurait jamais osé discuter ses ordres - aussi délirants fussent-ils - par peur d'y perdre la vie.

Plus récente, car datant seulement des années 1960, des approches comme celle du psychologue Stanley Milgram sur la "soumission naturelle à l'autorité", ou de la philosophe Hannah Arendt sur la "banalisation du Mal" - nous y reviendrons là aussi - tendent plutôt à faire d'hommes comme Heydrich de simples fonctionnaires carriéristes, avant tout préoccupés par la volonté de trouver une solution pratique, pour ne pas dire bureaucratique, à la mission - fut-elle de mort - que leur a confié quelqu'un d'autre.

A priori totalement différentes, ces deux approches sont en réalité fort complémentaires, comme nous allons tenter de le montrer dans les pages qui vont suivre...

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