... sur le terrain donc, les forces sud-coréennes, sous-équipées, mal entraînées et très inférieures en nombre, sont occupées à battre en retraite ou, tout simplement, à déserter par bataillons entiers.
D'ailleurs que pourraient ces recrues, pour la plupart jeunes paysans illettrés à qui on a simplement donné un uniforme, un vieux fusil américain, et l'instruction formelle et militaire de défendre jusqu'à la mort un régime politique auquel ils ne croient pas, que pourraient-ils faire d'autre face à des adversaires non seulement plus nombreux et plus aguerris, mais également dotés de blindés lourds ?
Pourtant, et même si cela ne constitue qu'une piètre consolation en ces heures tragiques, les Sud-Coréens, qu'ils soient militaires ou paysans, sont loin de se rallier en masse aux hommes du Nord : contrairement à ce que croyait Kim, et à ce qu'il avait promis aux Soviétiques avant le début de l'Offensive, la plupart de ceux-ci se contentent en effet de fuir droit devant eux ou, s'ils n'en ont pas les moyens, de demeurer passivement sur place en attendant la suite des événements.
Au matin du 27 juin, alors que la guerre ne dure que depuis 48 heures, Rhee et l'ensemble de son gouvernement n'ont cependant plus d'autre choix que de fuir Séoul à bord d'un train spécial qui franchit le fleuve Han, lequel, parce qu'il représente un obstacle naturel dressé sur le chemin des Nord-Coréens, va devenir le théâtre d'une véritable tragédie lorsque l'État-major sud-coréen, après avoir fait miner le Hangang Bridge dans l'après-midi, va prendre la décision de le faire sauter aux premières heures du lendemain, sans avertissement... et surtout sans égard pour les milliers de réfugiés de Séoul alors occupés à le franchir !A 11h00, lorsque les premiers blindés et fantassins de l'Inmin Gun, qui viennent d'investir la capitale, se présentent à leur tour devant le fleuve, c'est pour y découvrir un pont détruit, et aussi des centaines de cadavres occupés à dériver au fil de l'eau...
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