2891 - "Avant que nous en ayons fini avec cette guerre, on ne parlera plus le Japonais qu’en enfer !"

... USS Enterprise, 2 000 kms de Wake Island, 23 décembre 1941

Sur la passerelle du porte-avions Enterprise, l'amiral William "Bull" Halsey ne décolère pas : quelques heures auparavant, il a appris la décision de l'État-major d'abandonner la minuscule Île de Wake, et sa garnison américaine, à leur sort (1), et ne s'est pas privé d'exprimer publiquement sa rage devant "le spectacle de la Flotte du Pacifique en train de battre en retraite sans même avoir tiré un coup de feu".

A l'image de Patton, auquel il a souvent été comparé, Halsey est un fonceur qui ne s’embarrasse ni de procédures ni de profondes réflexions stratégiques. Et c'est également homme dont la tactique se limite, selon ses propres termes, à "Frapper fort, frapper vite, et frapper souvent", et le slogan à "Tuer des Japonais, des Japonais, et encore davantage de Japonais"

"Avant que nous en ayons fini avec cette guerre, on ne parlera plus le Japonais qu’en enfer !", a-t-il déclaré au lendemain de Pearl Harbour. Et de fait, dans les mois qui viennent, on va voir Halsey et son porte-avions sillonner le Pacifique d'un bord à l'autre, à la recherche de Japonais à bombarder.

S'il n'en tenait qu'à Halsey, on verrait probablement l'Enterprise appareiller pour la Baie de Tokyo, et lui-même en surgir pour s'en aller botter l'arrière-train de l'Empereur en personne !

Mais en ce début de guerre, l'US Navy n'a pas les moyens de se payer pareilles fantaisies, seulement de brèves attaques, aussitôt suivies de retraites, contre quelques îles occupées par les Japonais.

Innocentes piqures, donc, mais qui ont au moins le mérite d'entraîner les hommes et d'entretenir sans trop de risques la flamme revancharde d'un Halsey qui va bientôt se voir proposer une mission bien plus ambitieuse...

(1) Saviez-vous que... 658 à 660