2866 - l'or du Rhin

... 17 mars, 15h00

Dans un grondement sourd, le Pont Ludendorff vient se briser en deux avant de s'effondrer dans le Rhin à la plus grande satisfaction d'Hitler qui, depuis plus d'une semaine, n'a cessé d'exiger sa destruction, une destruction qu'il va naturellement attribuer aux "armes miracles" - les fusées V2 - dont onze exemplaires venaient d'ailleurs d'être tirés en direction du pont.

Le Führer a pourtant tort : ce ne sont pas les V2, mais bien le passage incessant de milliers de véhicules et de fantassins, qui a prématurément usé une structure par ailleurs fragilisée par le dynamitage raté du 7 mars, puis constamment ébranlée par l'explosion de dizaines de bombes et d'obus.

Mais si Hitler se trompe sur la cause, il se trompe également sur les conséquences : le Pont de Remagen est certes à présent au fond du Rhin, mais le trafic d'un rive à l'autre, lui, n'en est nullement ralenti pour la cause !

Dans la foulée de sa capture, les Américains avaient en effet entrepris la construction de plusieurs ouvrages parallèles, dont le premier, assemblé en un temps record, avait été inauguré dès la soirée du 10 mars !

Au fur et à mesure de leur mise en service, le Pont de Remagen n'avait donc cessé de perdre de son importance.

De fait, peu avant son effondrement, il venait même d'être entièrement fermé à la circulation, afin de permettre aux ingénieurs et aux ouvriers d'y effectuer des travaux de réparation urgents.

Vingt-huit d'entre eux ont trouvé la mort dans cet effondrement, qui a également fait près d'une centaine de blessés.

Lourd bilan assurément,... mais finalement de peu d'importance en regard des services rendus durant une dizaine de jours par ce pont qui, comme l'avait affirmé Eisenhower, avait finalement valu son pesant d'or...